samedi 1 janvier 2011

Je reviens de loin (1)

  Je reviens de loin, je ne sais plus comment je suis arrivée ici. Ne me demandez rien, je ne pourrais pas vous répondre; la seule chose que je puisse affirmer avec certitude, c’est que jamais personne n’est revenu de là. Il se pourrait que j’émerge d’un coma ou simplement que je viens de faire un affreux cauchemar! Ca y est, j’y suis: Je somnolais dans mon fauteuil Moriss, face à la fenêtre ouverte, quand soudain un bruit étrange, un son très aigu, un acouphène intersidéral me fit sursauter. Le ciel s’assombrit, un vent violent secoua les bambous de la terrasse, le tonnerre grondait pas très loin, je comptai les secondes qui le séparaient de l’éclair, je n’eus pas le temps de m’écarter de la fenêtre, quand la foudre m’éclaboussa de son feu.
  -Ce n’est pas mal pour un début!
  -N’ironise pas Jethro, d’ailleurs, je déteste qu’on lorgne par-dessus mon épaule.
  -Tu es vraiment très susceptible.
 -C’est la meilleure, s’il y en a un qui est susceptible, c’est bien toi, va plutôt te promener.
  -D’accord, je sors, tu auras un paix royale.
  -Embrasse moi, idiot!
  Tout cela m’a donné faim. Je descends à la cuisine. Comme d’habitude le frigo est vide, je me prépare un peu de pâte crue, un mélange de farine, beurre et sucre. De retour devant mon écran, je suis prise d’une terrible nausée. Quelle idée de bouffer n’importe quoi au beau milieu de la journée. C’est toujours pareil, je le sais; dès que je suis seule dans la maison, il faut que j’avale quelque chose, c’est la faute à ma mère. Elle n’était pas ce que l’on peut appeler un cordon bleu! Il y avait entre autre, sa fameuse tarte aux pommes qu’elle préparait au pif, parfois trop sucrée ou trop cuite ou pas assez... A cette occasion, elle me gardait une boulette de pâte crue que je dégustais avec un plaisir intense. Depuis, dans les moments de déprime, il m’arrive de me préparer une petite boule de pâte, mais elle n’a jamais le goût de celle de mon enfance. 
  Il faut que je trouve une pastille Rennie pour calmer mon estomac; je redescends à la cuisine, farfouille dans le bordel monstre du tiroir pharmacie, évidemment la boîte est vide, je m’effondre sur le canapé du salon; attendre que cela passe, il n’y a que ça à faire.