Devant nous, le chemin se termine en cul de sac, au bout se dresse le mur d’enceinte interrompu par un grand portail de pierre, fermé par une porte métallique troué d’un judas. Jacob fait tinter la cloche. Nous attendons. Il est midi, l’air tremble; pas un endroit pour se mettre à l’ombre, quelques minutes passent, enfin des pas résonnent sur le gravier, quelqu’un nous épie, c’est une petite vieille qui ouvre avec peine le lourd battant.
-Je vais prévenir la mère supérieure de votre arrivée, entrez et attendez sur le banc, là-bas sous l’arbre..
Je suis émerveillée, un grand jardin luxuriant s’offre à nous. Au milieu, une allée bordée de pins d’Alep mène à un bâtiment ancien en pierres du pays aux teintes beiges rosées, à droite, un autre chemin débouche sur le couvent longé d’un passage voûté soutenu par des colonnes formant l’entrée.
Une grande femme maigre arrive vers nous, la soixantaine, tout de gris vêtue, une petite coiffe discrète dissimulée dans ses cheveux blancs.
-Soyez les bienvenus, je suis Soeur Margaret, et vous vous devez être Jacob, je présume.
-Je vous présente Eliette, elle restera avec moi pendant mon séjour.
C’est la première fois que je rencontre une religieuse! Elle m’intimide avec son petit air pincé d’Anglaise, j’ai l’impression qu’elle lit mes pensées et me juge.