samedi 12 mars 2011

Pendant le déjeuner..(70)

   Pendant le déjeuner offert par Charles, nos nouveaux amis me posent des tas de questions, ils sont très intéressés par mes aventures, je vole même la vedette à Lisa. Anne me propose de venir à Lyon; elle habite dans une de ces imposantes maisons à traboules sur les quais du Rhône. Charles m’offre de passer un week-end chez lui avec Lisa bien-sûr. Il habite une très vieille maison entourée d’un immense jardin et verger. On décide d’y aller dès la fin du Festival. Nous nous quittons comme de vieilles connaissances avec embrassades et promesses de garder le contact. Lisa doit retourner à ses cours, je l’accompagne; chemin faisant, nous parlons de l’un et de l’autre. Lisa trouve Charles à son goût. Je ne peux m’empêcher de lui faire remarquer qu’il n’a rien d’un adonis, mais que côté fric, il y a de quoi le rendre séduisant!
  Lisa a un plan pour ce soir, elle connaît le lieu où se tiendra le cocktail pour la sortie du film de Brel, d’après ses dires, rien de plus facile que de se faufiler dans la foule, elle l’a déjà fait...
On se donne rendez-vous dans un troquet près de l’école vers vingt heures. Je retourne à la villa; en rentrant, je remarque un téléphone derrière l’escalier; je décide d’appeler Zer en PCV. La téléphoniste lui demande si il est d’accord de prendre la communication; il ne comprend évidemment rien, au bout d’un moment, il a enfin pigé et accepte de me parler!
  -Oui, c’est moi! Quoi? Où je suis? Mais à Cannes. Ce que je fous là? Mais tu es marrant, où veux-tu que je sois? Je suis là où on a bien voulu de moi! Comment, tu ne sais rien? As-tu au moins essayé de faire quelque chose pour moi? Quoi? Rien! Pourquoi? Ah, parce que tu ne sais pas quoi faire! Ecoute, je ne vais pas la faire longue, je t’entends très mal. Je te rappellerai dans quelques jours, oui, c’est promis, je te tiendrai au courant, je t’embrasse.
  Une fois de plus, il faudra que je me démerde toute seule; je ne suis pas étonnée, mais tout de même déçue... Dans mon élan, je prends l’annuaire pour trouver le consulat le plus proche. Il est à Marseille. J’irai dès lundi. Le soir, je retrouve Lisa; les rues sont pleines de festivaliers, certains en tenue de soirée. Nous arrivons devant l’endroit où se tient la réception. Lisa me dit de la suivre; elle s’adresse à deux types, leur demande si on peut rentrer avec eux, ça marche! Nous voilà au milieu d’une foule dense. Je viens de voir disparaître Lisa, happée par le magma d’hommes en smoking; je me glisse jusqu’à l’immense buffet où je me fais verser une coupe de champagne. Il y a également plein de bonnes choses à grignoter; j’essaye de me dégager portant d’une main le verre et de l’autre une assiette bien garnie; cela s’avère fort difficile, je risque à tout moment de me faire bousculer. Je reste plantée là comme une idiote au milieu de la cohue quand soudain un homme vient vers moi et me dit:
   -Vous permettez, je vais tenir votre assiette!
  -Vous êtes vraiment trop aimable, sans vous, je ne sais pas comment je m’en serais tirée...
  Lisa réapparaît un verre à la main, suivie d’un chevalier servant lui tenant son assiette...
  Nous terminons ainsi au milieu de la foule, entourées d’une petite cour; un peu plus loin, un cercle s’est formé autour de Brel...