vendredi 21 janvier 2011

Aujourd'hui, dimanche.. (21)

 Aujourd’hui, dimanche, je suis installée au-dessus du passage voûté, sur la longue terrasse orientée plein sud. Un caméléon s’arrête devant moi sur le muret; de vert feuillage, il devient brun et se tient immobile, je tente plusieurs croquis, mais j’abandonne devant la difficulté de capter en quelques traits tant de beauté. Je rêvasse au soleil, me viens soudain l’envie d’un peu d’herbe, mais où en trouver... Comme par hasard, je reconnais Josh qui traîne en bas dans une allée, voilà l’homme de la situation, je l’appelle. Il arrive aussitôt, avec ses dreadlocks et ses faux airs de rasta.
  -Que puis-je pour toi?
  -Voilà, je cherche de quoi fumer!
  -Tu tombes mal, il me reste à peine de quoi faire un joint, mais j’ai quelques très bonnes graines dans ma poche, si tu les veux, je te les donne, tu pourras les planter, ce n’est pas la place qui manque ici...
  -Génial, merci beaucoup!
  -C’est de la sensimmilla, It get’s you high, man... Josh s’en va en chantonnant.
  Le soir venu, je cherche un emplacement propice pour une bonne croissance et m’en vais informer Gil. Je l’emmène voir l’endroit choisi pour mes cultures.
  -Tu vois, c’est là, il y a un bon ensoleillement, qu’en penses-tu?
  -Ce que j’en pense c’est que si cela se découvre, j’aurai des problèmes!
  -Mais qui à part nous viendrait ici, c’est à l’abri des regards et puis même...
  Gil se laisse convaincre. Dorénavant, un nouveau rituel s’instaure, chaque soir, après le dîner, nous allons voir la progression des semis. Peu de temps a suffit pour qu’apparaissent les premiers cotylédons. Je suis émue, plus que si je m’étais penchée sur un berceau!
  Ce matin, j’ai reçu une lettre de Lisa, une copine bruxelloise, elle a l’intention de passer me dire bonjour dans un mois ou deux, elle est élève de Béjart au Mudra; Lisa est une jolie fille, un peu fofolle et pleine de vie. Elle m’écrit que, lors d’une soirée (où elle adore se montrer), elle a fait la connaissance d’une certaine Sylviane qui habite Jéru, d’après Lisa il faudrait que je la rencontre, mais je me dis que cela peut attendre, le monde extérieur ne m’attire toujours pas. Pour l’instant, le microcosme du couvent, me suffit amplement.