Arrivé à Madrid, Zer est intimidé par la grande ville, il refuse d'y faire halte. Je comprends, c’est un peu angoissant pour quelqu’un qui n’a jamais voyagé. Je le convainc malgré tout de passer la nuit ici. Par hasard, on trouve refuge dans une auberge de jeunesse. Le lendemain, nous partons pour Tolède. Je tiens à visiter cette ville, c’est en quelque sorte un retour à mes origines séfarades. Il paraîtrait que mes ancêtres, en tout cas une branche du côté paternel, aurait vécu à Tolède. Nous visitons quelques hauts lieux de la cité mythique. Je quitte avec un brin de nostalgie la ville perchée...
La route que nous entamons ressemble à une piste parsemée de gros cailloux et nids de poule; à chaque véhicule que l’on croise, des nuages de poussière s’élèvent qui nous font suffoquer. (Presque toutes les voitures venant en sens inverse ont le pare brise éclaté); Zer me dit de plaquer ma main sur la vitre pour éviter qu’elle ne tombe à son tour en miette. Je m’aperçois soudain que nous tournons en rond; je suis certaine que nous sommes déjà passés par ici il y a moins d’une heure, mon bras me fait mal à force de le tendre, j’ai soif, je n’en peux plus. Je repaire un panneau sur lequel est indiqué Trujillo. Nous décidons de nous y rendre. On s’arrête devant l’unique café du bled. Quelques vélos avec paniers et cannes à pêche sont rangés près de l’entrée. Je me demande ce qu’on peut pêcher dans ce coin sans le moindre ruisselet ni verdure...