vendredi 2 septembre 2011

Les jours qui suivent.. (126)

    Les jours qui suivent, je rentre fatiguée, me couche de bonne heure sans pour autant trouver le sommeil. Ce soir, je me sens perdue, je m’allonge sur mon pieu en fumant un joint, me vient alors une idée. Freinée toutes ces années par un blocage dont je n’ai jamais su la cause, je ne m’étais jamais donné la peine d’apprendre à lire ni à écrire l’hébreu de façon approfondie, je décide d'enregistrer une cassette pour Zer. J’y passe des heures en recommençant mille fois, cherchant les mots justes pour lui dire que notre histoire est terminée. Après ma nuit blanche, je suis déboussolée, consciente qu’une page importante de ma vie vient de se tourner, mais aussi bouleversée d’avoir remué tous ces sentiments gardés en moi depuis trop longtemps. Je ne suis pas vraiment triste, il faut juste que je me réhabitue à être seule. Depuis quelques jours, je me suis remise à faire des petits crobards pour occuper mes nuits sans sommeil, je n’ai pas perdu la main, c’est l’inspiration qui manque. Le boulot me vide l’esprit, j’en ai marre de courir toute la journée pour un salaire de misère quoique les pourboires soient souvent généreux. De toute façon, n’ayant qu’un visa de touriste qui expire bientôt, je risque à tout moment l’expulsion en tant que travailleuse clandestine. Depuis un certain temps, un homme vient prendre son petit dèj à la première heure, j’ai pris l’habitude de le servir, il a un beau sourire, à peine la trentaine, grand, un peu grassouillet, de long cheveux bouclés qu’il écarte d’un geste un peu féminin. Il parle peu, mais il m’a dit s'appeler Michael. Il y a quelques jours, j’ai provoqué un petit scandale à la terrasse. Michael était là, il observait la scène de loin. Un client fort désagréable m’avait parlé sur un ton qui ne m’avait pas plu, je me suis vengée en renversant du café sur son pantalon blanc, le type s’est fâché et m’a dit que j’étais une empotée. Michael avait l’air d’apprécier et souriait dans son coin. Dan appréciait moins, et a aussitôt proposé au client le remboursement du nettoyage à sec qu’il retiendrait sur ma paie et m’avertit que je devais être plus discrète, sinon il serait dans l’obligation de me virer. Il va falloir que j’envisage sérieusement de trouver un nouveau job et surtout un logement moins cher. Quelqu’un m’a parlé d’une académie qui cherche un modèle pour les cours du soir de dessin. Arrivée au resto, je retombe par hasard sur la personne qui m’avait parlé de ce travail. Jerry est peintre, il donne des cours particuliers à de petits groupes dans son atelier, et aurait lui aussi besoin de mes services en tant que modèle. Sans être certaine de rien, je parle à Dan et lui dis avoir trouvé un nouveau job, il semble soulagé et me souhaite bonne chance. Je le remercie pour tout ce qu’il a fait pour moi, nous nous quittons en bon terme. Je suis à nouveau libre comme l’air...