dimanche 6 mars 2011

Après quelques heures de vol.. (64)

  Après quelques heures de vol, nous atterrissons; une chaleur moite nous enveloppe dès la descente d’avion. Nous avançons dans une longue file avant d’arriver à la douane. Zer passe en premier les contrôles et me fait signe de le rejoindre au dépôt des bagages. A mon tour, je remets mes documents au préposé. Après un moment, celui-ci appelle un collègue; ils discutent à voix basse en me regardant; je leur demande si ils me prennent pour une dangereuse terroriste! Mais les gars ne plaisantent pas; ils me disent de la fermer et de suivre la femme flic qui vient vers moi. Je proteste et leur dis qu’ils sont ridicules, que c’était pour rire, qu’ils ont perdu tout sens de l’humour. Mais rien n’y fait, je suis emmenée dans un labyrinthe à l’autre bout de l’aéroport; on me jette sans autre explication dans un minuscule réduit sans lumière du jour, ni ventilation. La porte est bouclée à double tour. L’endroit est sordide, jonché de vêtements sales, de papiers gras; des balais, des seaux encombrent le cagibi. Sur une petite table brinquebalante, les restes d’un repas oublié depuis un moment à en juger de l’odeur; pour compléter cette nature morte, un cendrier débordant de mégots. Dans un premier temps, je tape avec rage sur la porte. Je me dis que Zer ne me voyant pas arriver, aura ameuté tout le monde pour me retrouver. De toute façon, il y a erreur: pourquoi me retiendraient-ils, je n’ai rien à me reprocher. Je recommence à tambouriner sur la porte avec moins d’allant au fur et à mesure que les heures passent. Aucun bruit ne me parvient de l’extérieur; j’ai la désagréable impression que plus personne ne se préoccupe de moi. Un jour quelqu’un ouvrira cette porte et découvrira mon corps momifié! Je m’affale dans un coin et pleure. Après un temps infiniment long, me semble-t-il, j’entends enfin des cliquetis d’un trousseau de clefs, des pas qui approchent; Je me relève, frotte en hâte la poussière de mes fringues. C’est la femme flic qui ouvre la porte et me dit:
  Allez, viens ici que je te menotte! On va faire un petit tour...