samedi 23 juillet 2011

En soi.. (111)

   En soi, Lena est notre justification au voyage, l’important c’est d’avoir un but! Lena habitait le village, non loin de chez nous. C’est une femme douce et immature, ses enfants sont beaux et fragiles. Il y a deux ans, leur père s’est pendu dans le salon familial. En apparence un homme heureux, un bon père de famille, peut-être était-il découragé d’être un mauvais peintre, je n’en sais rien, mais comment a-t-il pu infliger une tel spectacle à ses propres enfants, ils avaient trois et cinq ans au moment des faits; c’est probablement en partie pour cette raison que je les aime. Je me souviens que Zer avait été très impressionné par cet événement, il ne m’en a jamais parlé, pour lui, le suicide est tabou.
   On se lève de bon matin. Denise est déjà debout. Soulagée de nous voir partir, elle nous fait de grands signes d’adieux, appuyée à sa Corvette rouge garée devant la maison. Zer conduit. Carte en main, je le guide. Nous filons vers le nord, direction San Francisco. Du moment que l’on bouge, Zer est le plus heureux des hommes. Longeant l’océan, nous passons par des lieux aux noms évocateurs. Les collines couvertes d’un végétation luxuriante abritent çà et là des villas que l’on devine somptueuses. Au bout de deux heures, nous faisons halte pour faire le plein de la Chevi qui s’avère très vorace. Nous en profitons pour prendre un petit déjeuner substantiel composé de crêpes au sirop d’érable. Zer observe ce qui l’entoure avec une avidité sans cesse renouvelée. Je ne suis pas en reste, j’aime être sur la route, je m’y sens à ma place.