mercredi 8 août 2012

Les jours se suivent... (160)


   Les jours se suivent et se ressemblent. Le travail est éreintant. Pour gagner du temps, nous avons décidé de dormir sur place. La fatigue aidant, point d’insomnie, aussitôt couchée, je plonge dans un sommeil profond, bercée par de petits sons agréables. Les clapotis, bien-sûr, mais aussi le concert de baguettes chinoises des cordages frappant les mâts au moindre vent. On est presque au bout de nos peines. Norton a terminé le mât et s’attaque au carénage du deck; moi j’ai terminé le ponçage, le plus délicat reste à faire, poser les deux couches de vernis.
  Nous travaillons en silence, je ne suis plus revenue sur mes états d’âme. Ce qui m’importe avant tout, c’est bien faire le boulot, le mener à terme dans une entente cordiale, après on verra bien... Je viens de mettre la dernière touche de vernis à la porte du cabinet de toilette, quand soudain, par un hublot mal fermé, un courant d’air envoie quelque poussière sur la surface fraîchement vernie! Prise de rage, je jure, me traite de tous les noms! J’aurais dû prévoir ce genre d’incident! Je suis effondrée. ll va falloir complètement refaire cette foutue porte! Alerté par mes cris, Norton s’amène pour constater les dégâts. Contre toute attente, il ne me fait aucun reproche et dit:
   -Ce sont des choses qui arrivent, ne t’en fais pas comme ça!
  Il me prend dans ses bras, me console en disant que j’ai fait du travail excellent, que je suis trop sévère avec moi-même! C’était exactement ce dont j’avais besoin, c’est à dire pas grand-chose, juste un peu de tendresse...
Hier, nous avons bouclé toutes les finitions; ce matin Norton a rendez-vous à Marina Del Rey avec son client qui selon ses dire est également un ami, un homme riche et affable. Je lui ai demandé si je pouvais l’accompagner, mais il a préféré aller seul, ça m’a un peu irritée. Norton m’a avancé mon dû, ce qui me donne un peu de liberté. D’ailleurs, j’ai besoin d’être seule, j’ai perdu l’habitude d’être vingt quatre heures sur vingt quatre avec quelqu’un; on a décidé d’un commun accord de se revoir dans une semaine.