vendredi 11 mars 2011

Après une demi-heure.. (69)

   Après une demi-heure de marche, j’arrive dans le centre; je prends un café crème croissant à la terrasse d’un bar-tabac, puis je rejoins la Croisette. Je me retrouve sur une plage d’un grand hôtel; on me dit que plus loin c’est la plage publique. Il y a déjà quelques personnes sur le rivage, j’enlève ma robe et m’allonge au soleil. N’étant pas une fervente de la bronzette, je me relève pour aller me baigner. Au loin, quelqu’un me fait de grands signes, je reconnais la silhouette élégante de Lisa. Pleine d’entrain, elle s’approche en parlant très fort. Toute la plage a le regard rivé sur nous. Lisa est dans son élément et gesticule de plus belle pour attirer encore plus l’attention. Elle bouge de façon à ce que chaque muscle de son corps soit mis en évidence. Depuis un moment, je remarque une femme assise à l’écart, elle se redresse et vient vers nous, elle a oublié son briquet. Je lui donne une pochette d’allumettes. Elle demande si nous sommes là pour le Festival, je réponds que ce n’est pas vraiment mon cas. A l’évidence, elle a envie de parler; nous lui proposons de s’installer auprès de nous. Pendant qu’elle s’éloigne pour ramasser ses affaires, on se dit qu’elle a l’air sympa, mais il me semble que ce visage avenant cache une souffrance, Lisa n’est pas de cet avis, pour elle, c’est simplement le visage d’une femme dans la quarantaine. Anne habite Lyon, c’est une cinéphile et comme chaque année, elle vient au festival. Elle loge chez un ami qui a un studio à Cannes; d’ailleurs c’est lui qu’elle attend, il ne devrait pas tarder, il aura une bonne surprise en la voyant entourée de si belles personnes, nous dit-elle! Peu de temps après, l'homme arrive. Anne fait les présentations. Comme toujours, quand un mâle se retrouve face à Lisa, elle sème le trouble. Elle me souffle furtivement à l’oreille: « celui-là, tu me le laisses! » Interloquée, je me dis qu’elle ne changera jamais. Charles est pharmacien, il m’a l’air d’un type honnête; en un clin d’oeil, Lisa flaire la bonne proie et jette son dévolu sur l’apothicaire qui ne regarde plus qu’elle.