dimanche 28 août 2011

Vince nous ouvre.. (124)

   Vince nous ouvre, c’est un balèze de deux mètres de haut, il nous souhaite la bienvenue et nous invite à nous asseoir à une table où des cendriers remplis à ras bord traînent entre des bouteilles vides; il se roule un pétard géant qu’il me passe après y avoir tiré une longue taf. Vince est impressionnant, bien que l’on s’aperçoive vite que c’est un brave type, le coeur sur la main, un peu trop... Dans le fond de la pièce, un garçon et une fille sont affalés sur un vieux sofa effondré, ils sont tellement stoned qu’ils ne se rendent même pas compte de notre arrivée. Zer raconte sa mésaventure, aussitôt Vince le rassure et lui dit de ne pas se faire de mouron. Il propose d’aller dès demain faire une petite virée chez le cave, il emmènera deux autres de la bande. On reste un moment à papoter, à boire quelques bières. Je n’ose pas demander en quoi consiste la «virée», de toute façon cela n’y changerait rien. En sortant de chez Vince, nous flânons sur la plage, quand soudain, Zer se met à parler de notre avenir. Il me dit qu’il y a beaucoup pensé et que si on veut rester ici, il faut s’y prendre autrement. Je lui demande ce qu’il entend par là, il me répond:
  -Voilà, je vais rentrer et vendre la maison, je reviendrai avec une belle somme pour redémarrer une nouvelle vie. Ce n’est pas avec les quelques sous que je vais toucher demain que l’on pourra faire des miracles, ceux-là me serviront à payer mon voyage. J’ai eu le temps de réfléchir à tout, crois-moi c’est ce que j’ai de mieux à faire.
  -Premièrement comment peux-tu être si sûr que Vince arrivera à convaincre l’autre de cracher, puis, négocier une maison, cela ne se fait pas en un claquement de doigts! Et de toute façon, je ne te crois pas, je sais très bien que tu en as marre, et de moi et d’être ici, tu ne rêves que d’une chose, c’est de te retrouver chez toi, au pays. Allons sois honnête!
   -Mais non, tu te trompes, je n’ai absolument pas l’intention de te laisser tomber, quant à l’Amérique, j’aime beaucoup. J’ai juste envie de réussir, et pour ça il faut du fric!
   -Je n’ai rien à ajouter, tu feras évidemment comme bon te semble, pour ma part, je me débrouillerai avec ou sans toi!
   Nous discutons encore pendant la moitié de la nuit, on s'engueule, on s’aime, peut-être pour une dernière fois. On ne sait jamais quand ce sera la dernière fois que l’on touche ce corps que l’on connaît si bien, mieux que son propre corps, cette peau dont on sait chaque parcelle, les moindres creux et plis...