mercredi 2 février 2011

Quelques jours plus tard.. (32)

   Quelques jours plus tard, je m’installe chez Zerah. Il habite une vieille bâtisse traditionnelle en pierre du pays, avec un toit en dôme. Ne subsiste que la pièce voûtée pourvue d’un foyer et séparée par une baie des deux autres pièces rajoutées récemment, l’une, par laquelle on entre et sert de cuisine, l’autre étant la chambre à coucher. A l’extérieur en contrebas se trouve une citerne d’eau, en pierre, faisant partie de l’ancienne construction, dont le toit fait office de terrasse avec vue imprenable sur le wadi. La maison est accessible à pied par des marches depuis le village, ou par un chemin de terre rejoignant la grande route. Quelques maisons isolées sont dispersées dans la vallée. Ici et là des amandiers et mûriers, touches vertes dans le paysage de rocaille, aride à cette époque de l’année. Dans la pièce principale, à l’abri des murs épais conçus pour garder une grande fraîcheur, une douce lumière filtre par deux petites fenêtres, tandis qu’au dehors, la clarté éblouit et la chaleur caniculaire est suffocante. Zerah aime les meubles en bois ouvragés, tout à l’opposé de mon goût pour la sobriété et les lignes pures! Il faudra que je m’y fasse, surtout qu’il en est très fier. Pour lui, ce sont des signes de richesses; il tient particulièrement à son grand lit à colonnes qu’il a fait faire par un ébéniste. Il y a aussi les murs de la pièce voûtée, dont il a laissé les pierres apparentes et entourées de ciment très foncé, je trouve ça très laid! 
  Pour l’instant, je joue à la ménagère et mitonne tant bien que mal des plats sur une installation de fortune composée d’un camping gaz et un petit réchaud à pétrole; une grande jarre de terre remplie d’eau fait office de frigo. Il n’y a pas d’évier, ni d’eau courante. Les eaux usées sont jetées par la fenêtre. Pour pisser et chier, cela se passe dans la nature, un peu plus loin dans la colline, parmi les cyclamens sauvages. Zerah se lave debout sur la terrasse avec quelque seaux d’eau puisés dans la citerne, quant à moi, je vais aux bains publics du village. L’éclairage se fait à l’aide de lampes à pétrole dont une à manchon qui émet un sifflement sourd et diffuse une lumière blafarde. La seule modernité, c'est le téléphone que Zer a fait installer depuis peu. Je m’adapte avec un immense plaisir à cette vie sans confort.