De plus en plus, je constate l’ascendant que Zer exerce sur ceux qui le croisent. Il est très conscient de son pouvoir et en use parfois sans scrupule.
Depuis que je vis avec Zerah. Je ne manque de rien, il me suffit de puiser dans le tiroir de la cuisine, Zer y dépose régulièrement des liasses de fric en me disant «Prend ce dont tu as besoin!» Je ne lui pose jamais de questions sur l’origine de cette manne, cela fait partie de nos codes.
Moi qui n’aime pas me lever de bonne heure, je suis la première debout pour voir l’aube; je m'assois sur la terrasse avec clopes et café. Certains jours, une nappe de brouillard entoure la maison et je me retrouve sur un rivage fantasmé...
Ce matin, l’air est chaud et sec, je suis assise dehors. Sur le chemin, une nuée de poussière soulevée par une bagnole attire mon attention. Zer sort à son tour pour voir qui peut bien passer si tôt. La bagnole s’arrête à l’entrée du jardin, en descendent trois types qui se dirigent vers nous. Ils tendent des insignes de police, l’un d’eux s’avance vers Zer et dit:
-Tu es bien Zerah S.?
-Oui, que ce passe-t-il?
-Tu viens avec nous. On a quelques questions à te poser.
Zer ne prononce pas un mot, il est blême, se tourne vers moi et me dit:
-T’en fais pas, ce n’est rien, je serai de retour avant ce soir!
Il m’embrasse et suit les flics. La bagnole disparaît sur le chemin de terre.
