lundi 7 février 2011

Je reste prostrée.. (37)

   Je reste prostrée; des tas de pensées m’assaillent. La question qui revient sans cesse est évidemment qu’est-ce qu’on lui veut ... Cependant, je me fais  une raison. Il sera de retour ce soir. En fin d'après-midi, je commence à m’inquiéter. Je décide de monter jusqu’au couvent, pour trouver un peu de réconfort auprès de Gilberte. Je traverse le jardin et me dirige vers le Kon-tiki ; à cette heure, je suis certaine d’y trouver Gil. Elle est là, avec son sacro-saint raki. Je suis reçue avec un cri de joie
  -Eh bien, ça alors! Pour une surprise, c’est une surprise, madame promène son cul jusqu’au couvent! Viens ici que je t’embrasse. Tu es vraiment une petite garce, tu sais! Ce ne sont pas des manières. Pas un signe, rien, depuis une éternité.
 -Gilberte, écoute-moi s’il te plaît. Ils ont arrêté Zerah ce matin et depuis, plus de nouvelles.
   Je lui fais le récit de ces derniers mois; Gilberte m’écoute avec attention. Je m’en veux de ne pas lui avoir donné signe de vie depuis si longtemps, et me sens honteuse devant sa bienveillance. Après un moment, Gil m'interrompt.
  -Tu veux savoir ce que j’en pense? Ton Zerah est trempé dans des affaires bien louches. Etant mythomane, il te raconte des tas d’histoires que tu gobes sans sourciller!
  -Tu crois vraiment que j’avale tout!
  -La preuve, tu viens ici en me disant que tu es inquiète. Si tu n’étais pas une petite fille naïve, tu ne serais pas en train d’en faire une tragédie! Allons, fais-moi un sourire, tu verras, ce n’est pas si grave et puis, es-tu vraiment amoureuse de ce gars? Vous n’avez  rien en commun. Qu’est-ce qui t’attire chez lui?
  -Oh, que veux-tu que je te dise! Il sent bon le sable chaud!
  Sur ce, Gil se met à fredonner Mon légionnaire. On éclate de rire. Il va sans dire que nous buvons plus que de raison et c’est en titubant légèrement que je regagne mes pénates. Je m’endors immédiatement, d’un sommeil profond.