vendredi 15 juillet 2011

J'émerge enfin.. (108)

    J’émerge enfin, je suis complètement chamboulée; il est trois heures de l’après-midi. La maison est silencieuse, ils sont tous partis. Je me dirige vers la cuisine, inspecte le frigo, il y a quelques yaourts, et un tas de choses que je n’arrive pas à identifier, pas de légumes ni de fruits, tout est enveloppé dans du plastique. Je mange un yaourt au fraise qui n’en a pas le goût. Zer me rejoint, il est de mauvais poil, il veut un café, je ne trouve que du soluble, ce qui n'arrange pas son humeur, il refuse de boire le café que je viens de préparer, il veut sortir, aller voir les environs et trouver un bistrot pour boire un vrai café. Dehors, il fait doux, les rues désertes se ressemblent toutes, bordées d’arbres et partout les mêmes pavillons en bois. Nous arrivons à un carrefour donnant sur une avenue plus commerçante avec quelques grandes surfaces. Rien est prévu pour les piétons, pas de trottoir, que des parkings. Nous marchons sur la chaussée, les gens nous regardent, on dirait qu’ils n’ont jamais vu des marcheurs. Pas de bistrot à l’horizon, rien qui pourrait y ressembler! Je n’aime pas ce que je vois, tout me semble si peu accueillant. Zer me suit en silence, il n’a d’yeux que pour les grosses bagnoles, il faut se rendre à l’évidence, sans voiture, la vie semble impossible ici, il y a bien ici et là un arrêt de bus, mais je n’en ai vu passer aucun. Nous décidons de rebrousser chemin. Arrivés à la maison, les enfants sont rentrés de l’école, ils nous entendent et crient à tue-tête: -Hi guy’s we’re in the bedroom, come here! Jenny et Tom sont vautrés sur l’immense lit de leurs parents, ils regardent la télé en mangeant des corn flakes à même la boîte, se bousculent et valsent dans tous les sens sur le waterbed recouvert de draps de satin noir.