samedi 30 avril 2011

Je marche.. (96)

   Je marche jusqu’à l’oasis, il y a peu de monde, juste quelques personnes dormant dans des abris bricolés de bouts de plastiques et de draps tendus entre les palmiers-dattier à deux pas de la mer qui ressemble à un immense lac; en face, dans un voile de brume, on aperçoit les montagnes d’Arabie. Etant donné qu’il n’y a pas de marée, je dépose sans crainte mon sac à dos au bord de l’eau; en vitesse j’enfile mon bikini et plonge dans l’eau claire à température idéale. J’ai l’impression de nager dans un aquarium, des poissons multicolores me frôlent les jambes. C’est le paradis! Je me dis qu’il suffirait de monter à bord d’un boutre, de naviguer jusqu’au bout du golfe, là-bas, du côté de Bab-el-Mandeb, et ce serait mon aventure de la mer rouge! Ah, ce cher Henri... Mais déjà le soleil incendie le paysage, mon estomac crie famine, il est temps de faire un repas substantiel sinon frugal à l’hôtel miteux! J’enfile la djellabié de Gilberte en ayant une petite pensée pour elle et me retrouve devant le baraquement resto. Je m’assois à une des quelques tables mises à l’extérieur. Le gérant vient me dire bonsoir et prend ma commande, c’est à dire le plat du jour: un schnitzel, pomme de terre, accompagné d’une salade concombre, tomate, et une bière pour faire passer le tout! Il n’y a que moi, je me dis que c’est mauvais signe, à moins que le monde vienne plus tard. Yoram (le gérant) m’apporte mon assiette en me souhaitant bon appétit. J’ai tellement faim que je goûte pas vraiment ce que j’avale. Je suis vite rassasiée et paye la note plutôt salée. Je demande à voir une des chambres, Yoram m’accompagne, il ouvre l’une d’elles. Je reste sur le pas de la porte, il y fait suffocant. De toute façon le prix est rédhibitoire, je logerai donc au jardin! J’installe mon barda au pied d’un palmier, à quelques mètres d’une des cahutes improvisées, je déroule mon sac de couchage, m’allonge dessus; à peine ma tête posée, je sombre dans un sommeil de plomb.