lundi 16 mai 2011

Je commence.. (100)

  Je commence à ressentir une certaine lassitude, non pas due à l’inaction mais par le vide que m’inspire tous ces allumés qui m’entourent; finalement, je ne suis nulle part à ma place, ni auprès de Zer, mais je crois qu’il est temps de rentrer. J’ai fait ma petite cure de santé, et me sens assez en forme pour affronter de nouvelles aventures avec mon majnoun..
  J’ai trouvé un stop vers Jérusalem. Il s’appelle David, je l’ai aperçu quelquefois sur la plage, sans faire très attention à lui. Je prends place dans sa vieille cage en croisant les doigts pour qu’elle ne tombe pas en panne au milieu de nulle part. On ne se dit pas grand-chose pendant la première demi-heure de route. Il fait très chaud; heureusement j’ai pris des boissons pour le trajet, je les partage avec David qui transpire à grosses gouttes. Son odeur de mâle me monte aux narines et réveille mon désir endormi depuis quelques temps. David fait une halte sous prétexte de se dégourdir les jambes. Aussitôt sortis de la bagnole, nous nous jetons l’un vers l’autre. Il me prend, appuyée sur le capot brûlant de la vieille peugeot, au bord de la route déserte. Après, on se baigne un moment avant de filer droit devant. Chemin faisant, il caresse mon genou, glisse sa main entre mes cuisses moites. Nous faisons le plein d’essence à Eilat, d’un commun accord nous ne nous y attardons pas. David me pose la question à laquelle je m’attends depuis un moment: si j’aurais envie de le revoir. Je réponds que je n’en sais rien, que oui, peut-être, enfin on verra, je lui dis qu’il n’a qu’à me laisser son numéro de téléphone. David tient à m’inviter à manger, je suggère que l’on s’arrête à Jéricho, j’aime beaucoup cet endroit. Il y a deux bouis-bouis sur la petite place où l’on sert des grillades, mais il y a trop de mouches sur les carcasses de mouton suspendues en plein soleil. Je préfère que l’on aille un peu plus loin, dans l’oasis. Par hasard, je découvre, nichées dans la verdure, quelques tables sous une tonnelle de bougainvillier. De leur vol ramé, des colibris vont d’une fleur à l’autre. Quelle aubaine, un vrai petit paradis. On s’installe à l’une des tables, un homme vient aussitôt pour nous accueillir, dépose deux verres et une grande carafe d’eau devant nous, il propose de l’agneau grillé accompagné d’une salade de tomates. L’homme s’éloigne pour raviver les braises. David m’embrasse goulûment, me dit qu’il se sent si bien avec moi qu’il n’a pas envie de me quitter, je ne dis rien, il sait que l’on ne se reverra pas..