lundi 21 février 2011

Zerah est de retour..(51)

  Zerah est de retour depuis quelques semaines, tout va plutôt bien. Il m’a offert un chien, un doberman que nous avons baptisé Néron. Mais en fait, c’est son chien, il lui obéit au doigt et à l’oeil, je peux tout juste l’approcher pour le nourrir, il devient de plus en plus une menace pour toute personne s'aventurant près de la maison. C’est ainsi que l’autre jour, ce chien de malheur a mordu un enfant; heureusement, le gamin s’en tire avec deux points de suture à la jambe. Les parents du petit exigent l’euthanasie du molosse. Ce sera chose faite. Peu de temps après, Zer revient cette fois avec un chien hérité d’une copine anglaise partie vivre ailleurs. Me voilà devenue la maîtresse d’un corgi répondant au nom ridicule de Zoumi, mais il est adorable et me suit partout avec ses pattes trop courtes. Il paraît que le corgi est le chien préféré de la reine d’Angleterre! Je me serais contentée d’un bâtard, mais Zer n’aime que les chiens de race. D’ailleurs pas plus tard que hier, il est arrivé avec un setter roux, une femelle gravide; je ne me suis pas souciée de savoir d’où vient la bête et où tout cela nous mènera. En fait, Zer a en tête de vendre les futurs chiots. Evidemment, tout le travail m’incombe. J’ai trouvé une grande caisse que j’installe sur la terrasse en guise de niche que la chienne adopte aussitôt. Je la regarde dormir et me demande qui voudra de ses petits, vu qu’ici les gens ne sont pas vraiment tendre avec les animaux; débourser ne fusse qu’un grouch pour un chien ne leur viendrait même pas à l’esprit. Toute à mes réflexions, je n’ai pas entendu arriver l’homme qui surgit devant moi. Surprise, je recule. C’est la première fois que je vois, il est très maigre et porte un costume de ville; il toussote pour se donne contenance et s’adresse à moi avec une certaine inquiétude:
  -Je suis le révérend Jacob Van Doren, j’habite la maison rouge à côté du couvent, me dit-il avec un fort accent hollandais.
  -Vous pouvez me parler en néerlandais, que puis-je pour vous?
  -Ah, quel soulagement, ce sera plus facile pour ce que j’ai à vous dire!
  -Allez-y, je suis toute ouïe.
  -Voilà, vos parents sont chez moi; ils me demandent de vous avertir de leur venue.
  -Attendez, il doit y avoir un malentendu! Vous êtes sûr que ce sont mes parents?
 -Evidemment, je crois que le mieux serait que vous veniez avec moi. Ils vous attendent!
  -Ecoutez, je ne peux venir. Je veux d’abord comprendre pourquoi ils agissent de la sorte. Ils savent pertinemment bien où j’habite, ils auraient pu venir immédiatement ici! Depuis quand ont-ils besoin d’un émissaire pour parler à leur fille! Non, décidément, non! Je ne viendrai pas avec vous, si ils veulent me voir, ils n’ont qu’à descendre jusqu’ici. 
  -Allons, ne faites pas l’enfant. Vos parents vous aiment, ils sont inquiets. C’est tout!
  -N’insistez pas, je ne vous connais pas, je n’ai pas à vous obéir! Au revoir monsieur!
  L’homme s’en retourne penaud, remonte les marches vers le village et disparaît de ma vue.