mercredi 3 octobre 2012

Les jours se suivent... (165)


   Les jours se suivent et se ressemblent, les nuits sont différentes, plus imprévisibles. Comme l’autre soir où j’étais en train de ranger les chaises sur les tables quand un type est entré deux minutes avant la fermeture. Je l’ai gentiment envoyé promener, il m’a regardée avec insistance et a tourné les talons. Je ne l’avais jamais vu au paravent; cheveux longs, plutôt avenant, je regrettais déjà ne pas l’avoir retenu ne fut-ce que pour lui servir le dernier pour la route. Il devait être minuit en quittant le resto, à ma grande surprise, le gars aux cheveux longs était assis sur le banc d’en face. Il m’a fait signe d’approcher et m’a dit:
   -J’aurais bien envie de papoter avec toi, ça te dit?
   J’ai dit oui et lui ai proposé qu’on aille chez moi, que j’avais de quoi boire et fumer, que j’habitais à deux pas, il m’a suivi. Nous nous sommes installés en tailleur par terre, lui adossé au lit, moi lui faisant face à un mètre de distance, calée contre le mur. Une lumière venant des réverbères du parking éclairait juste ce qui fallait nos visages. Nous sommes restés ainsi  sans bouger jusqu’à l’aube. Nous avons parlé, beaucoup parlé, nous sommes partis dans des digressions labyrinthiques sans jamais perdre le fil, nous avons fait l’amour avec nos mots, nos pensées, c’était d’une intensité extrême. A plusieurs reprises j’ai été tentée de m’approcher de lui, mais n’ai pas osé par peur de casser l’enchantement. Même quand il m’a quittée, on ne s’est pas embrassé, c’était inutile, il m’a simplement dit:
   -Je pense qu’il est temps de dormir,  je te remercie pour tout.
  Il était cinq heures, les réverbères éteints. Je n’ai pas su son nom, ne le reverrai sans doute jamais. 
  

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