jeudi 3 mars 2011

Empruntant les petites routes.. (61)

   Empruntant les petites routes de campagne, nous traversons des villages à une allure plutôt lente, quand soudain un policier en bicorne nous barre la route. Nous sommes en infraction, excès de vitesse, enfin, c’est ce que nous comprenons; il nous demande nos papiers, les examine et d’un geste impérieux nous fait signe de le suivre. A un moment donné, il arrive devant un jardin privé et ouvre la grille. Nous devons nous garer dans l’allée et attendre. Le policier se dirige vers la maison au fond du jardin et frappe à la fenêtre; un homme d’un certain âge à l’allure raffinée sort de la maison. Il nous salue poliment et nous dit en français:
  -Ne m’en veuillez pas, je n’y suis pour rien, je viens en tant que traducteur. 
 Je vous conseille de faire ce que cet homme vous demande sans discuter, dit-il craintivement et poursuit:
  -Donnez-lui l’argent qu’il réclame et vous partirez libre!
  Cette histoire me semble tellement énorme que je reste sans voix. Zer me presse de traduire à mon tour; il n’en revient pas, il explose et fait signe au policier qu’il ne payera pas. Je le mets en garde, mais ne veut rien entendre; il vocifère des injures en arabe, je le supplie de se taire et lui chuchote à l’oreille:
  -Si tu continues, tu va te retrouver dans un geôle de Franco; ce flic a tous les pouvoir, on ne discute pas avec eux. Arrête, je t’en prie!
  Pendant ce temps, le flic nous pousse hors du jardin dont il ferme la grille et nous fait dire par l’intermédiaire du traducteur que tant que nous n’obtempérerons pas, il nous rendra pas la bagnole et nos papiers! Zer s’obstine pour la forme, mais finalement me dit:
  -C’est bon, il a gagné, donne lui son fric et dit lui de garder la monnaie pour acheter du chocolat à ses enfants, si, si, dis-lui!
  Après ce traquenard, l’envie de traîner en Espagne s’est émoussée. A présent, nous filons au plus vite vers le nord.