Je décide d'aller voir Zer, dès le lendemain. Je me lève tôt, pour arriver à l’heure à la prison de Ramleh. Dans ma hâte, j’ai oublié que c’est shabbat et qu’il n’y a ni train, ni bus jusqu’à la tombée de la nuit. Qu’à cela ne tienne, je ferai du stop. En fait, cette escapade en solitaire me réjouit. Munie de mon petit sac à dos et mes sandales de randonnée, je me mets en route. La place du village est déserte. Cela fait un quart d’heure que je poireaute, aucune voiture à l’horizon. Je commence à trouver le temps long, quand enfin un camion militaire arrive dans la bonne direction. Sans que j’aie à faire un geste, le bahut s’arrête pile devant moi. Un soldat sort la tête et dit:
-Salut la rousse, tu veux venir avec nous?
-Ouais, je veux bien, mais cela dépend où vous allez!
-On va jusqu’à Tel-Aviv.
-Vous passez donc par Ramleh?
-Oui, on peut t’y déposer, mais qu’est-ce qu’une jolie nana comme toi va foutre là-bas, t’as quelqu’un à voir en prison?
-Eh bien oui, t’as deviné!
-Bon, allez, monte à l’arrière!
Je m'installe temps bien que mal sur le plancher. Au fond du camion, j’aperçois quelques bidasses qui dorment à poings fermés. Le chauffeur est manifestement pressé, en moins d’une heure, je me retrouve devant la taule.