lundi 22 août 2011

Maintenant que.. (122)


     Maintenant que l’argent rentre, on a enfin déménagé. J’ai trouvé un flat pas loin du resto, dans une vieille villa en bois qui fait le coin avec Pacific Boulevard et Ozone -petite ruelle perpendiculaire à l’Ocean Front Walk. Il y a des tas d’autres locataires dans la maison. Le meublé est situé au rez-de-chaussée, il est composé d’une pièce, d’une minuscule cuisine équipée, et une petite salle de bain. Il y a pour tout meuble qu’un grand lit, il ne reste pas beaucoup d’espace, juste assez pour une table devant la fenêtre. J’ai pris deux jours de congé pour l’installation. Zer a fabriqué une étagère sur un modèle qu’on avait vu chez Lena, il s’agit de trois planches superposées à distance égale, trouées aux extrémités, traversées de quatre épais cordages noués par dessus et dessous pour les retenir, le tout suspendu au plafond, créant une séparation entre le lit et le reste de la chambre. J’y ai posé une plante et une petite télé d’occase face au lit. Pour la table, une vieille porte soutenue par deux tréteaux. Ne nous manque plus que deux chaises et quelques objets de première nécessité; du coup j’ai retrouvé mes vieux réflexes de fouineuse de poubelles, elles sont d’une telle opulence ici! Je m’y adonne avec délectationIl suffit d’aller faire un tour dans les back-alleys pour y trouver tout ce dont on a besoin. Zer a obtenu un nouveau chantier, encore une salle de bain à refaire de A à Z, chez un ami de Jo. Il faudra qu’il se débrouille seul, je n’ai pas le temps de jouer la traductrice, mais il est confiant, il dit avoir acquis suffisamment de connaissance pour mener à bien cette tâche. Je suis soulagée de le savoir occupé: entre nous, la tension était devenue palpable. Les jours se suivent au rythme du travail, j’ai peu de loisirs, j’essaye d’aller nager dès que j’ai un moment, le dessin et encore moins la peinture ne sont au programme, je suis trop crevée de mes va-et-vient continuels à la terrasse; je suis sûre que si je devais compter la distance parcourue en une journée, cela devrait faire au moins une dizaine de kilomètres. Je ne sais pas combien de temps je vais tenir, ça me vide l’esprit, j’ai l’impression de ne plus vivre, je me sens dépossédée, je déteste ça!