mercredi 9 mars 2011

Je monte à l'étage.. (67)

   Je monte à l’étage et tombe nez à nez sur Lisa. On s’embrasse. Je lui raconte en bref mes péripéties; elle me conduit à la chambre qu’elle partage avec une étudiante italienne; il y règne un chaos invraisemblable. La moindre surface est recouverte de nippes, de chaussons de danse, de flacons de cosmétique. Je comprends qu’il est difficile de loger une personne de plus; je dormirai par terre entre les deux lits le temps de trouver un autre lieu. Nous passons la soirée à bavarder. Cela me fait du bien de me retrouver entre filles, surtout après les tensions de ces derniers jours. Mais à dix heures, elles sont fatiguées, leurs journées commencent à six heures, les cours se suivent à un rythme effréné, c’est quasiment inhumain d’après leurs dires; elles ont d’ailleurs des mines de déterrées. Carla ne sait pas si elle tiendra jusqu’à la fin de l’année. Et puis, elle n’a pas la taille requise, un mètre cinquante neuf est insuffisant pour devenir ballerine. J’essaye de la rassurer en lui disant que la vie d'artiste est un destin peu enviable, que l’on peut vivre pleinement d’un tas d’autres façons, que pour devenir danseuse, il faut être maso! Elles acquiescent en riant; Je m’endors péniblement sur mon matelas improvisé fait de sacs de couchage, de couvertures et de t-shirts en guise d’oreiller. Je suis bien décidée à ne pas m’éterniser dans ce temple de l’égocentrisme; ces nanas ne savent parler que de leur corps et de la danse, de rien d’autre; c’est lassant pour une non initiée. Après quelques jours, je finis par connaître d’autres filles, notamment Delphine qui est le petit rat type, toute en finesse et grâce, plus liante que la plupart d’entre elles. Delphine me propose de venir habiter dans la villa de sa tante à Super Cannes. (C’est le quartier le plus huppé de la ville, d’après Lisa.) La tante ne vit pas là en ce moment; il n’y a que le jardinier et Delphine; je peux occuper une mansarde avec commodités...