lundi 7 mars 2011

Je la supplie.. (65)

   Je la supplie de me dire ce qui m’arrive; mais elle reste muette, ce qui me met hors de moi.
  -J’ai le droit de savoir ce qui se passe, lui dis-je. D’ailleurs, j’ai le droit de téléphoner à quelqu’un, quoi que vous ayez à me reprocher, ensuite il faut que j’aille aux toilettes et pour finir, je crève de faim et de soif, je n’ai plus mangé depuis très longtemps; à propos, quelle heure est-il? 
  Aucune réponse, entre-temps, nous avons rejoint un endroit plus animé de l’aéroport et toutes mes revendications restent vaines; je suis folle de rage et décide de ne plus avancer, je m’assois à même le sol. La femme essaye de me tirer par la menotte qui me relie à elle, mais n’y parvient pas, des gens s’arrêtent pour nous regarder, d’une voix forte elle dit: «Circulez! il n’y a rien à voir»
  Elle m’implore d’avancer, de peur d’un nouvel esclandre elle m’emmène finalement aux chiottes. J’en profite pour me débarbouiller un peu et dis à cette salope que je ne sortirai pas d’ici avec ce foutu truc au poignet, que ça suffit ainsi, qu’elle n’a rien à craindre, que je veux bien la suivre mais sans entrave, elle me répond que ce sont les ordres, qu’elle les suit à la lettre. Elle me conduit dans un petit bureau où un policier tamponne des documents; par la fenêtre j’aperçois un bout de piste, le ciel est bleu. D’après les ombres, il n’est pas loin de midi. La femme détache enfin ma main de la sienne et s’en va sans un mot. Le type me regarde et dit:
  -Voici les raisons pour lesquelles nous t’avons retenue et te refoulons d’Israël: tu t’es rendue coupable d’avoir vendu des produits illicites et nous ne souhaitons pas peupler notre pays avec des gens de ton espèce. Tu prendras le prochain avion à destination de Nice, voilà tout. Ah, non! J’oubliais, tu devras rembourser ton billet d’avion. Le policier me remet des papiers à signer; je refuse et dis que j’ai été condamnée pour possession de drogues par le passé, mais que j’ai été jugée, que j’ai payé ma dette, que c’est une vieille histoire et que jamais personne n’a été condamné deux fois pour les mêmes faits, que légalement leur truc ne tient pas la route, mais il ne veut rien entendre et dit:
  -Tu vas signer sagement et puis tu prendras place dans l’avion que tu vois là-bas, il n’attend plus que toi, alors fais ce qu’on te dit en vitesse et ferme ta grande gueule!