samedi 12 février 2011

Il y a aussi cette autre anecdote.. (42)

  Il y a aussi cette autre anecdote. C’était tout au début de notre relation: 
 «Zer me propose d’aller faire une visite à un parent qui habite dans la banlieue d’Ashkelon. Nous nous rendons chez son cousin qui nous reçoit chaleureusement. Visiblement préoccupé, Zerah ne veut pas s’éterniser. Nous reprenons donc la route sans tarder. C’est alors, qu’il me confie le véritable but de cette promenade. Non loin de là, il a vu un caravansérail en ruine, il y a repéré trois grosses pierres sculptées faisant partie d’une arcade. Il convoite ces pierres depuis longtemps, pour orner le manteau de son grand feu ouvert. Je lui demande comment il pense s’y prendre sans aucun outil, mais il a tout prévu. La veille, il a rangé pied de biche, pelle, pioche et couvertures à l’arrière de la jeep. Arrivé sur le lieu, je vois des ruines très anciennes, ici et là quelques murs tiennent encore debout, ainsi que l’arcade. Cela ne semble pas gagné d’avance, si on bouge fût-ce un grain de sable, le tout risque de s’écrouler, mais Zer n’est pas de cet avis et se met aussitôt au travail. Au premier coup de pioche, la voussure s’effondre. En un éclair Zer fait un bond énorme et roule sur le côté, échappant à l’éboulement. Pendant un moment, il ne bouge plus. Obéissant aux ordres stricts, je reste à distance. Inquiète, je m’approche de lui et constate avec soulagement qu’il s’en tire avec quelques contusions et une petite blessure au front. Il se lève un peu sonné, mais se rue sans perdre un instant vers l’amas de pierre pour voir si ses trésors sont intacts. Les pierres gravées de signes énigmatiques font désormais partie de la cheminée. Je dois avouer que l’ensemble à beaucoup d’allure...»
  Il y avait bien une heure ou deux que je m’étais assoupie en songeant à tous ces événements. Je me lève un peu courbaturée et me dirige vers la grande route pour faire du stop. Il se fait tard, à peine le soleil couché, la vie reprend son cours normal. Les véhicules sont de plus en plus nombreux, je n’aurai aucune difficulté pour retourner à Jérusalem.
  Je décide de me rendre tous les shabbats à la prison. Ne pouvant compter sur l'aide de personne, je me demande avec quelque angoisse comment je vais pouvoir me démerder les prochains jours. Je m'endors avec ces sombres pensées.