mercredi 24 août 2011

Dès le départ.. (123)


   Dès le départ, j’ai eu un pressentiment concernant le nouveau travail de Zer. Il a terminé dans les délais, mais le client trouve le travail bâclé. Zer ne voit ce que l’on lui reproche, il prétend que le type cherche à l’entuber, qu’il ne veut pas payer. Je propose à Zer de l’accompagner pour me faire une idée et essayer de trouver un terrain d’entente. J’ai congé aujourd’hui, nous décidons d’y aller sans tarder. La maison est à Beverly Hills, dans une de ces avenues verdoyantes longées de palmiers. A peine devant la grille d’entrée, celle-ci s’ouvre, nous sommes attendus! Nous nous garons à l’ombre. Je préviens Zer qu’il doit me faire confiance, me laisser parler sans intervenir, ne pas me demander à tout bout de champ de traduire. Un petit bonhomme chauve et replet vient aussitôt vers nous et, s’adressant à Zer, dit:
   -Je vois que tu viens avec du renfort!
   -Bonjour monsieur, je suis la femme de Zerah.
   -Enchanté! me répond-il avec un sourire sournois.
   -Zerah m’a tout raconté, puis-je savoir pourquoi vous ne voulez pas le payer?
   -C’est très simple ma petite dame, il a tout mal foutu, venez voir vous-même!
   Arrivée à l’intérieur, le type me dit d’aller droit devant en me poussant dans le dos, à l’entrée de la salle de bain, il me bouscule carrément et dit d'un ton furieux:
   -Tiens, voilà la merde que ton mari a laissé, tu vois, tu comprends maintenant?
  Je dois dire que ce n’est pas vraiment un travail de pro. Le carrelage est mal découpé dans les coins, il y a des traces de ciment ci et là, mais vu la somme demandée, il ne devait pas s’attendre à un travail léché, ce que j’explique au gars et ajoute que quoi qu’il en soit, il doit payer. Zer trépigne, je traduis et lui dis de faire un rabais de cent dollars et qu’on en parle plus, mais il ne veut rien entendre et profère des menaces en hébreu qu’heureusement le type ne comprend pas! Zer me prend par le bras et m’entraîne dehors en disant qu’il va s’y prendre autrement, qu’il ne se laissera pas faire. Zer se retourne une dernière fois vers le bonhomme et gueule avec rage: «Wait and see!». Je me dis au moins il aura appris quelques mots d’anglais! Pendant le trajet du retour, j’encaisse quelques reproches, évidemment! Zer me fait part de son projet de vengeance. L’autre jour, en traînant à Venice, il a fait la connaissance d’un nommé Vince, un californien d’origine israélienne avec qui il a sympathisé. Vince fait partie d’une bande de motards, justiciers à leurs heures. Zer est certain que Vince et ses copains viendront à bout de ce salopard... Avant d’avoir eu le temps de protester, Zer m’emmène chez eux, ils habitent un vieil immeuble au bout de Ocean front walk où ils vivent en communauté. Zer m’avait caché qu’il leur rendait régulièrement visite. C’est donc là qu’il va pendant que je bosse et là qu’il trouve la marijuana qu’il m’a ramenée l’autre jour, il confirme. Il ne changera donc jamais, il faut toujours qu’il fasse des mystères à propos de tout et de rien!