jeudi 24 février 2011

Je suis debout.. (54)

  Je suis debout avant tout le monde. En fait, ce sont des couinements qui m’ont réveillés. Clara (la chienne) a mis bas, sa niche grouille de petits monstres aveugles. J’en compte sept, tous noirs, des bâtards évidemment, j’appelle Zer et lui dit:
  -Voilà tes setters irlandais! Qu’allons nous faire des ces petites bêtes, tu ne t’imagines quand même pas pouvoir les vendre?
  -Tu verras, ils deviendront très mignons, on les casera sans problème.
  J’observe Clara, elle lèche avec soin chacun de ses rejetons qui continuent à pousser des petits cris désespérés.
  Je m’évertue à ce que le séjour de mes parents se passe sans anicroches. Je suis leur guide et les emmène visiter mes lieux favoris. Nous évitons les sujets qui fâchent. Tout se passe en surface et c’est mieux ainsi. Cela fait une semaine qu’ils sont là. Je n’ose pas leur demander le temps qu’ils comptent encore rester, mais maman est finaude. Elle m’annonce avec emphase: «Il est un temps pour venir et un temps pour repartir!»
  Deux semaines après le passage de mes parents, je reçois une lettre dans laquelle ils nous remercient encore de notre accueil. Mais surtout, ils insistent sur les origines de Zerah. Malgré qu’il soit juif, il est d’une culture trop différente de la mienne. Il faut que je comprenne qu’ils ne sont pas d’un enthousiasme débordant. En revanche, ils exigent une régularisation de cette union car nous vivons dans le péché et nous invitent à venir nous marier en Belgique. Je n’avais évidemment jamais pensé à épouser Zer! De plus, il est déjà marié (ce que j’ai omis de dire à mes parents). L’idée de voyager aux frais de la princesse est très tentante. J’en parle à Zer qui y voit également une opportunité formidable, lui qui n’a encore rien vu du vaste monde. Un mariage civil ne l’impliquerait du reste en rien, puisque cet acte n’est pas reconnu ici; seul le mariage religieux compte pour l’Etat Hébreu. Nous acceptons donc l’offre de mes parents.
  Nous ne partirons pas ensemble, Zer a quelques difficultés à obtenir son visa et moi, je dois m’occuper des papiers là-bas. Zerah me dépose à l’aéroport et promet de venir me rejoindre au plus vite. Déjà l’avion décolle. Adieu horizons céruléens, tout à l’heure je retrouverai la grisaille. En atterrissant, l’avion traverse une énorme chape nuageuse. Il fait froid, humide, glauque, sinistre quoi! Je m’engouffre sans tarder dans un taxi qui m’emmène en direction de tout ce que j’ai fui...