lundi 4 mars 2013

Kate ajoute comme pour... (178)


   Kate ajoute comme pour elle-même:
   -Que m’est-il passé par la tête! Tu imagines bien les conséquences que cette histoire va avoir, ma vie est foutue. Pour l’instant j’attends d’être transférée en Angleterre. Et là, je serai jugée devant une cour martiale, j’aime autant te dire que j’en aurai pour mon grade!
    Kate semble calme, prête à accepter le pire des verdicts. Je ne sais quoi lui dire, en tout cas je n’aimerais pas être à sa place. Il faut dire qu’elle a agi en écervelée. Pourtant, à la voir comme ça, on dirait quelqu’un de réfléchi, les deux pieds sur terre. Evidemment, je ne sais rien d’elle, mais je ressens de l’affection pour cette fille, elle est comme moi, une grande naïve. 
  A mon tour de raconter les raisons qui m’ont amenées ici. Kate est donc la deuxième personne à qui j’explique ma mésaventure. Elle a exactement la même réaction que la précédente, trouvant cela profondément injuste, elle en est indignée. J’ai beau lui dire qu’il s’agit d’un malencontreux concours de circonstance, elle dit qu’il faut que je demande immédiatement la permission de téléphoner à un proche pour qu’on me sorte de cet enfer! Kate promet d’intervenir auprès de la gardienne, tout à l’heure, après le repas de midi. Nous discutons encore de choses et d’autres quand la sonnerie retentit. Nous nous précipitons. Les deux rangs se forment comme ce matin et comme à tous les repas, je suppose. Aller manger est une diversion dans la monotonie carcérale. La bouffe consiste en quelque chose qui ressemble vaguement à du poisson, sans goût, sorti d’une eau blanche où flotte une écume brunâtre, servi avec quelques patates farineuses qui tombent en morceaux dès qu’on les touche. 
   -On est gâtées aujourd’hui! Me dit Kate.
   -Tu es sérieuse ou c’est de l’humour?
   -Non, je t’assure, c’est mieux que d’habitude!
   Je ne la crois pas, je pense qu’elle prend les devants, elle essaye de me préparer pour que la suite soit plus facile à avaler, au sens propre comme au figuré! Je lève mon gobelet  afin de porter un toast à ce repas plein de finesse. Kate entre immédiatement dans mon jeu, fait tinter son gobelet contre le mien, et me demande si je désire encore un petit morceau de cette délicate chair de turbotin!

2 commentaires:

  1. Étonnant univers découvert ce soir... entre textes, araignées sombres, galalithe, parures...
    Très plaisante promenade...

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  2. @ Cushmok,
    Cinq mois après, je découvre ton commentaire!
    Je te remercie de t'être aventuré jusqu'ici...

    Irène

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