samedi 5 février 2011

Aujourd'hui, cela fait une semaine.. (35)

 Aujourd’hui, cela fait une semaine que nous ne sommes pas retournés dans la maison, trop découragés pour se remuer le cul, en fait, on est très bien chez l’ami, mais il est temps de réagir. Pendant que Zer va chercher des volontaires pour donner un coup de main, je descends vers la maison. Je me pose beaucoup de questions quant aux raisons de cet acte, je n’ai pu tirer aucune conclusion; Zer reste muet comme une carpe.
  Tout le monde fait preuve d’une grande solidarité. Il y a bien une dizaine de personnes sur la terrasse. Pendant plusieurs jours, on récure chaque objet, chaque meuble. Il y a une ambiance bon enfant, on chante à tue-tête. Cela ressemble à une fête! On nous apporte à boire et à manger. Ayant bu quelques bières, Yaacov se met à me faire des confidences.
 -Est-ce que Zerah ne t’a jamais parlé d'Ester, tu sais la voisine qui habite juste là-bas ?
  Il pointe du doigt la maison tout au bout du chemin.
  -Tu veux parler de la belle yéménite aux pommettes saillantes?
  -Oui! Elle est folle amoureuse de mon frère depuis toujours. Elle voulait se marier avec lui, mais il a refusé. Par dépit, elle a épousé le premier venu. Voilà, je voulais que tu le saches parce que je t’aime bien.
  -Mais pourquoi me racontes-tu ça?
  -Ma parole, tu es vraiment naïve! Tu n’as pas compris que c’est elle qui a mis le feu à la maison, c’est à toi qu’elle en veut maintenant. Que cela reste entre nous, tu ne dois surtout pas en parler à Zer, fais semblant d’ignorer tout, ne fais pas de remous; tu commences à connaître mon frère, n’est-ce pas! 
  Yaacov a raison, mais c’est un peu dur à avaler. Je me demande si tous les yéménites sont des dingues!
  L’autre jour, je me trouve avec Zer à la terrasse de Chez Gingi, le seul bistrot du village. En face de nous, deux touristes anglais boivent leur bière en bavardant, l’un d’eux m’adresse la parole, on échange quelques mots, soudain Zer se lève, et me fait sortir de force. Une fois dans la rue, il me reproche d’avoir parlé à ces gens. Il ne comprend pas l’anglais, sans doute l’ai-je humilié. Je suis abasourdie et me rends compte du gouffre qui nous sépare. Mais loin d’être découragée, je me dis qu’avec beaucoup de tact et de patience, j’arriverais à lui ouvrir l’esprit...