jeudi 28 juillet 2011

Hier soir.. (113)

   Hier soir, en arrivant, je n’avais pas remarqué où nous nous étions arrêtés. Ne pouvant plus dormir, je me lève, écarte un coin de rideau, à droite la route nue s’étire vers des montagnes lointaines, une nappe de brume enveloppe les sommets, face à moi, de l’autre côté de la route, ma vue s’arrête sur une paroi rocheuse trop proche pour la voir en entier, et tout autour, une sombre forêt de sapins; devant le motel, il n’y a que notre Chevi qui scintille de givre aux lueurs rose oranger, l’enseigne est toujours allumée; ma montre indique sept heures. Je me rends compte à l’instant que je grelotte, je retourne me réchauffer auprès de Zer qui dort tranquillement. Je prends la carte routière pour nous situer, je ne connais pas le nom de l'endroit, mais suppose que l’on se trouve à quelques miles de Mount Shasta -vue de la fenêtre, on est à mis chemin. En manipulant la carte, j’ai réveillé Zer. Je lui explique où nous sommes. Encore somnolent, il ronchonne, dit qu’il a faim et froid et me demande l’heure. On discute de la suite de l’itinéraire. Zer veut être à Portland en fin de journée, et promet que l’on s’arrêtera pour visiter sur le chemin du retour. Je me plie à ses desiderata... Nous quittons la chambre pour aller prendre le petit déjeuner dans le café attenant au motel. Il fait caillant, partout les restes des dernières congères. Une fumée épaisse sort de la cheminée, à l’intérieur du petit bâtiment en bois, quelques bûcherons sont assis au comptoir, ils nous saluent et nous jettent des regards inquisiteurs. La patronne vient prendre nos commandes; la quarantaine, elle porte des jeans très moulants mettant en valeur ses grosses fesses, une frange noire lui couvre le front, le reste de ses cheveux tiré en arrière, rassemblé en queue de cheval, balance au moindre mouvement. La femme nous propose des oeufs brouillés. Ayant détecté la bonne odeur du bacon frit, je lui précise de ne pas nous en servir, je n’ai pas envie de m’entendre dire à nouveau que je suis une mécréante! Après deux énormes mugs de café, des oeufs et pains grillés nous sommes requinqués, prêts à affronter la route.