mardi 25 janvier 2011

Sur le chemin du retour.. (24)

  Sur le chemin du retour, je ressasse les événements de la journée. J’éprouve de la révolte et de l’impuissance, comme lors de cette expérience douloureuse à mon arrivée dans le pays: 
  De l’aéroport, je prends le bus et descends à la gare routière de Tel-Aviv. Chargée d’un lourd sac de voyage, je me dirige vers l’appartement qui a été mis à ma disposition par une amie d’une amie de ma mère qui habite quelque part dans le centre ville. Ne connaissant pas le chemin, je hèle un de ces taxis collectifs, le chauffeur sort pour placer mon bagage dans le coffre qu’il prend soin de fermer à clef. Je monte à l’arrière, mais l’homme me dit en français avec l’accent pied-noir:
  -Installe-toi à côté de moi, tu vois bien que tu es la seule passagère!
  N’y voyant aucun mal, je m’assieds à l’avant. Ce petit bonhomme n’est d’ailleurs pas impressionnant, il est plutôt repoussant et un peu crade. Je lui demande pourquoi il n’y a que moi dans son tacard, il me répond:
  -C’est que je rentrais chez moi quand je t’ai vue, je me suis dit qu’on ne pouvait pas laisser une jolie fille seule au bord de la route!
  -Trêve de plaisanterie, conduis-moi, Rehov Sokolov, au n°17,  s’il te plaît!
  -D’accord, ne t’énerve pas ma jolie.
 Après quelques détours, me semble-t-il, nous arrivons dans la Sokolov, une rue résidentielle, partout les mêmes immeubles blancs à balcons de style Art Déco.
La personne qui m’héberge est absente et m’as laissé des consignes précises, ne laisser entrer personne, fermer les volets avant de partir et toujours fermer la grille du jardinet, étant donné qu’elle habite au rez-de-chaussée. Les clefs sont cachées sous la jardinière, sur l'appui de fenêtre. Je paye le chauffeur, et lui demande de me donner mon bagage, c’est là que je comprends soudain que quelque chose cloche. Soi-disant, il ne parvient plus à ouvrir le coffre, je lui dis qu’il l’a fermé à clef, il me répond:
  -C’est absurde, il y a longtemps que je les ai perdues!
  Je ne sais pas qui de nous deux divague. D’une voix lasse, je lui demande:
  -Que faut-il faire maintenant?
  -On va chez toi, tu dois bien avoir un bout de fil de fer?
  -Ce n’est pas chez moi ici.
  -Peu importe! Je trouverai bien de quoi ouvrir ce foutu coffre!
  Je trouve les clefs de l’appartement sous la jardinière et ouvre la porte, suivie de près par le bonhomme. Il farfouille dans un vide poche déposé sur une console dans l’entrée; pendant ce temps, je me dirige vers la salle de bain pour me passer de l’eau sur le visage. Tout à coup, la porte claque. Je me retrouve face à ce crétin de chauffeur qui me plaque contre le mur avec une force incroyable, j’ai beau me débattre, il m'arrache mes vêtements, descend son pantalon, m’enfonce sa bite en poussant des grognements, et éjacule aussitôt. Il me regarde d’un air torve et dit:
  -Maintenant, tu l’auras ton sac!
  Lentement, je me laisse glisser le long du mur et m’écroule sur le carrelage frais; je pleure sur moi-même et sur le monde...
  Ce fut mon premier contact en Terre Sainte...