dimanche 27 février 2011

Je me gare dans.. (57)

   Je me gare dans la petite rue déserte; une vieille lanterne diffuse une lumière faiblarde  sur les baraquements du marché. Zer sort de la voiture, agile comme un chat, il disparaît aussitôt dans le bric-à-brac labyrinthique.
  Cela fait bien dix minutes qu’il est parti, je suis un peu inquiète. Tout à coup je vois une bagnole de flic dans le rétroviseur. J’ai juste le temps de me glisser au fond de mon siège et de courber la tête; les tripes nouées, je reste ainsi pendant un moment qui me semble long; je refais surface lentement. Ils ne m’ont pas vue; plus le temps passe, plus je m’angoisse.. Je n’ai aucune idée de l’heure, les premières lueurs du jour apparaissent quand enfin j’entends des cliquetis de verre entrechoqué. Zer revient avec deux énormes baluchons. Je démarre en trombe et file à toute blinde hors de la petite rue. On décide de tout laisser bien caché dans le coffre de la bagnole, c’est plus prudent. Zer est attisé par son aventure, on baise comme des sauvages jusque dans l’après-midi. Le soir, nous flânons dans Paris. Demain nous quitterons la capitale. 
  Nous reprenons la route aux aurores. N’ayant toujours pas ouvert les sacs avec le fameux butin, nous nous arrêtons sur un petit chemin de campagne; avec précaution, nous sortons les vases un à un du coffre. C’est la grande déception, ils sont bien d’époque, mais fabriqués en série, cela saute au yeux. Zer m’accuse de ne pas avoir été assez explicite. Dans sa rage, il fracasse un des faux Gallé. Nous voilà en possession d’une douzaine de vases dont il faudra se débarrasser d’une façon ou d’une autre. Après une prise de bec monumentale, on décide de faire route vers l’Espagne.