mercredi 12 janvier 2011

Je me suis levée tard (12)

  Je me suis levée tard ce matin, j’ai loupé le p’tit dèj. Je croise soeur Florenzina et lui raconte un pieux mensonge: J’ai trouvé un boulot de nuit comme garde malade! En conséquence, je me couche aux aurores... Cette chère femme me dit: «Qu’à cela ne tienne, je te garderai un plateau avec du café dans un Thermos que je laisserai sur la table de la salle à manger». Confuse, je bafouille des mots de remerciements.
  Encore un peu vaseuse, je me promène au jardin; je découvre chaque jour de nouveaux recoins. La nature me réconcilie avec la vie, c’est là que je me sens vraiment bien malgré ma tendance à être oiseau de nuit. Au bout d’une allée, j’aperçois une très haute grille qui fait une trouée dans le mur d’enceinte; à l’ombre d’un énorme caroubier, quelques bancs invitent à la méditation. La vue à cet endroit est merveilleuse. On aperçoit une vallée pas très large; en face à flanc de colline se trouve un monastère russe, l’église entourée de petites maisons chaulées émergent d’une végétation dense, tandis que plus à l’est, la vallée va en s’élargissant et devient rocailleuse, quasi désertique. Au sommet d’une autre colline, ce trouve le grand hôpital de Jérusalem, un affreux bâtiment, heureusement assez éloigné pour ne pas trop gâcher l’harmonie générale...
  Cela fait presque un mois que je passe toutes mes nuits au bar. J’ai acquis mon rythme de croisière et me lève vers midi, prends le fameux p’tit dèj et me promène au jardin, puis je lis et dessine. Le soir, je retrouve les pensionnaires pour le dîner. Après quoi, je me bichonne et m’habille pour aller bosser. Maintenant que j’ai un peu d’argent, je pars en taxi vers vingt-deux heures et rentre au petit matin. La nuit passée, il y avait pas mal de monde, des journalistes étrangers en goguette. J’ai discuté avec l’un d’eux, un reporter de guerre; ces dernières années, il a couvert les grands et petits conflits dans la région. Un type sympa, on a beaucoup parlé de peinture; on avait le sentiment de se connaître depuis toujours, Roy m’a promis de revenir très vite pour continuer cette très agréable conversation.