jeudi 9 août 2012

A peine seule... (161)


  A peine seule, je pense à lui. Et pourtant, je suis arrivée à le détester ces derniers jours, avec ses airs de planer au-dessus de tout, de considérer la pauvreté comme une tare! Il m’énerve et en même temps j’aime quand il m’expose ses théories sur la décadence de l’humanité. Il prétend notamment que l’Amérique est un corps malade, la dégradation ou plutôt l’effondrement se fera ici en premier. Toute la côte californienne, toujours d’après lui, va disparaître dans l’océan, sombrer jusqu’à la dernière parcelle, puis le mal atteindra les autres membres, états côtiers et ainsi de suite le mal viendra à bout de ce grand corps malade... il me parle d’un tas de penseurs, j’ai noté leurs noms dans mon petit carnet; il cite entre autre Thoreau, Emerson et aussi un certain Buckminster Fuller. Il me parle également beaucoup des amérindiens, de leur grande sagesse. Tout cela me passionne, m’ouvre de nouveaux horizons que je compte explorer. Je me sens très proche de certaines de ces idées dont je n’avais encore jamais pu parler à qui que ce soit. Norton nourrit mon esprit, mais mon corps a besoin d’exulter par tous les sens. Je ne peux pas faire abstinence, ce n’est pas ma vocation, du moins pas encore! 
  Je décide de sortir, de me frotter au monde extérieur, la «retraite» a assez duré, je pars me promener, revoir la faune de Venice et peut-être faire l’une ou l’autre rencontre...