De retour chez mes parents, je suis malheureuse à crever. La plupart du temps, je m’enferme dans ma chambre. Je me considère nullement responsable de ce qui m’arrive; mes parents sont évidemment de l’avis contraire. Ils m’accablent chaque jour un peu plus. Sans me consulter, ils choisissent un avocat qui d’après eux est l’homme de la situation. Leur choix s’avère être bon. En un temps record, Maître A. règle l’affaire en adressant une lettre ciblée, moyennant une somme rondelette; mes parents paient sans sourciller car pour eux être avocat de renom impose le respect et donne le droit d’arnaquer en toute légitimité...
Mon départ est prévu pour début septembre, quelques jours avant Kippour...
A ma descente d’avion, une jeep de l’armée déboule en trombe sur le tarmac. A son bord, Zer et son cousin Dov qui est lieutenant colonel. Dès mon arrivée, j’ai droit au grand jeu. Je suis accueillie en vip. Zer accourt et m’embrasse devant les passagers ébahis. Je suis mal à l’aise devant ses manières fanfaronnes. Le commun des mortels n’a pas droit d’accéder directement à l’avion, sauf autorisation exceptionnelle...
je retrouve la maison sens dessus dessous, les meubles ont disparu. Pendant les semaines qui précédèrent son départ pour la Belgique, Zer a carrément construit un étage au-dessus de la partie neuve. Il compte y installer deux chambres à coucher et une salle de bain. Pour l’instant c’est un grand espace brut auquel on accède par une échelle branlante qui passe par un trou pratiqué dans le plafond de la cuisine. C’est là qu’avant de partir Zer a entreposé tous nos effets personnels et tous les meubles. Il a loué la maison pendant la durée de notre absence. J’essaye de savoir pourquoi il ne m’a rien dit de tout cela, mais une fois de plus, je reçois une réponse évasive. En fait, je me rends compte que la maison est toujours louée à deux jeunes femmes hollandaises! Zer n’a tout simplement pas trouvé opportun d’arrêter la location, ne sachant pas si je reviendrais! C’est en tout cas ce qu’il finit par m’avouer. Me voilà de retour après des mois de nomadisme, n’ayant pas d’endroit où dormir.