samedi 29 janvier 2011

Les jours s'égrainent.. (28)

   Les jours s’égrainent, moroses. Après le souper, j’ai pris l’habitude de flâner au village. Je ne parle à personne, j’éveille cependant la curiosité avec mes longs cheveux teints au henné. Je me suis même fait draguer par un type l’autre soir. Il était plutôt avenant mais pas vraiment futé; il me posait les questions habituelles, d’où je venais, où je logeais et pour combien de temps, si j’étais seule... J’allais poursuivre mon chemin, quand soudain sortie de nulle part, une furie s’avança vers moi et me dit en gueulant: «Eh, toi! Tu veux me piquer mon homme, sache que cela ne se passera pas comme ça! Tu le payeras cher, tu verras!» Je lui dis qu’elle pouvait être sans crainte, que son mec ne m’intéressait absolument pas, qu’elle pouvait dormir tranquille!
  Ce matin, je me rends pour la énième fois au ministère. En descendant de l’autobus, je reconnais la femelle de l’autre jour, elle me bouscule sans un regard ou un mot d’excuse. N’ayant pas pris au sérieux ses menaces, je ne suis pas troublée par sa présence. Elle marche devant moi, et se dirige vers un agent en faction sur le trottoir et lui parle. Au moment où je passe devant eux, le flic fait un pas vers moi et me dit: 
  -Tes papiers!
  Etonnée, je demande:
  -Que se passe-t-il?
  -Je te demande tes papiers, allons, je n’ai pas que cela à faire!
  Je lui tends mon passeport avec rage et lui dis:
  -Tenez donc, les voilà!
  -N’essaye pas de faire la maligne, n’aggrave pas ton cas! Et tant que j’y suis, passe-moi ton sac, que je vois ce que tu as là-dedans!
  Je m’exécute, ne comprenant pas ce qu’il m’arrive. D’un air triomphal, l’agent sort de mon sac une chose emballée dans du papier alu. Mon sang ne fait qu’un tour, je n’en crois pas mes yeux, c’est du shit qu’il a entre les doigts! Aussitôt, tout devient clair dans ma tête. Cette salope a dû glisser la barrette dans mon sac au moment où elle m’a bousculée pour me dénoncer ensuite au flic. Comment expliquer cela à ce crétin, ce n’est même pas la peine d’essayer; entre temps la garce a disparu; elle m’a bien eue. Aussitôt, je suis menottée et emmenée dans un panier à salade garé plus loin; les badauds nous entourent, je me sens humiliée comme jamais je ne l’ai été