dimanche 30 janvier 2011

Arrivée au commissariat.. (29)

  Arrivée au commissariat, je subis les formalités d’usages. Ne connaissant pas mes droits, je n’ai aucune revendication. On me jette littéralement dans une cellule qui sent la pisse, et les murs  couverts de graffitis obscènes. Il n’y a même pas un banc pour s'asseoir... Toute la nuit, des portent claques, des grilles grincent, des hommes crient, je ne ferme pas l’oeil. Au petit matin, on vient me chercher. Je peux sortir à condition de payer une caution de mille livres! Je rétorque que je n’ai pas une telle somme, on me répond que je peux contacter quelqu’un qui pourrait m’aider. Je passe en revue mes sauveurs éventuels, les rares personnes que je connais sont des paumées. A qui  pourrais-je demander un tel service, je n’en vois qu’un, le mari de Sylviane. D’ailleurs, je sais leur numéro de téléphone par coeur. Il est tôt, Jean-François est certainement encore chez lui. Je l’appelle, non sens trac, car après tout, je le connais à peine, j’ai dû le voir trois ou quatre fois. Quelqu’un répond, c’est Jean-François. Je lui explique ma situation. Après un long silence, il me dit être prêt à m’aider, mais que cet argent, il doit l’emprunter à sa société, il faudra que je le rembourser au plus vite, et ajoute qu’il ne roule pas sur l’or. Je poireaute encore toute la matinée dans ce lieu infâme. Mon calvaire prend fin en début de soirée. Jean-François vient me chercher et me dépose au couvent. Gilberte est au courant de tout et pour cause, des policiers en civil sont venus perquisitionner au couvent! Gil m’a attendue toute la nuit, elle s’est fait un sang d’encre...
  Malgré cette mésaventure, je retourne me balader au village. C’est ainsi qu’un soir, j’aperçois un homme à l’allure singulière. Il a un visage saisissant, taillé au couteau. Le nez, grand et busqué, le teint bistré sous une tignasse de boucles noires et désordonnées qui lui pendent devant les yeux. Son regard sombre et sévère est presque inquiétant. De taille moyenne, son corps est nerveux et musclé. Il émane de lui une bestialité archaïque. Depuis, cet homme hante mes pensées, j’ai l’intime conviction que nos chemins doivent se croiser.