vendredi 29 juin 2012

Sans nouvelle de... (156)


   Sans nouvelle de Norton depuis quelques jours. Je ne sais pas s’il reviendra. C’est qu’il ne m’a rien promis, enfin, si, que dès son travail terminé, il se pointerait. J’essaye de ne plus penser à lui, mais rien n’y fait. Je suis sans importance pour lui, j’en suis convaincue. On sent ces choses d’instinct. Mais, dès que ça coince, que ça résiste, l’envie ou plutôt le besoin de possession devient intransigeant. C’est ridicule, mais c’est comme ça, et puis, y en a ras le cul des mecs! Et ce devrait être le dernier de mes soucis, j’ai d’autres chats à fouetter; plus de tunes, ni de permis de séjour. 
   Je me couche le ventre vide, bruyant. Qui dort, dîne! Le lendemain, je me traîne jusque chez Dan, je mets ma dignité de côté, et lui demande si je peux manger à l’oeil, Il accepte en me faisant la morale, -tu sais, il faut que tu te prennes en main, que tu deviennes adulte, tu ne peux pas tout le temps compter sur les autres. Je ne dis rien, j’opine et mange mes scrambeld eggs. Après, j’erre un moment sur la plage presque vide, il est encore tôt. Je rumine les paroles de Dan, il a raison, mais, je suis bel et bien dans le pétrin, et ne sais comment en sortir. 
   Complètement désoeuvrée, je retourne à l’appart, mon chez moi pour combien de temps encore?... Je téléphone à Yaël, lui demande de venir. Une heure plus tard, elle arrive. Yaël est tout aussi égarée que moi! Elle vient de rompre avec Zev, elle retournera à Jérusalem, probablement toute seule, très bientôt. Il y a longtemps que ça marchait plus entre eux, mais ce n’est pas la rupture abrupte, ils s’aiment encore, ils resteront amis. On parle l’après-midi entière. Au crépuscule, mon estomac me rappelle que je n’ai plus mangé depuis ce matin. Yaël aussi a faim, nous retournons nos poches et rassemblons quelques sous. Yaël propose d’aller jusqu’au liquor store du coin, voir ce que nous pouvons acheter avec notre petite monnaie. On fait le tour de la boutique, le meilleur deal nous semble une boîte de Campbell’s chiken noodle soup. De retour à la piaule, je chauffe la soupe, la partage équitablement, nous dégustons dans un silence religieux bientôt rompu par de petits rires,  nous rendant compte que la scène tient de la tragi-comédie.