mercredi 31 août 2011

Je suis en plein.. (125)

   Je suis en plein rush quand je vois Zer en face du resto, le  sourire aux lèvres. Je lui fais signe de loin, j’aurai terminé dans une heure. Il est minuit quand enfin j’enlève mon tablier. Je questionne Zer sur le déroulement de la mission. Il dit que tout s’est bien passé, qu’il n’y a pas eu mort d’homme! Le type a payé sans broncher! J’ai du mal à le croire. Juste avant de s’endormir Zer me raconte comment cela s’est déroulé: 
   -Comme promis, Vince est arrivé avec ses deux acolytes tout de cuir vêtu, les bras nus couverts de tatouages. L’un d’eux frappa la grille d’entrée d’une grosse chaîne, puis la fit tournoyer en l’air tel un dresseur de lion jouant de son fouet; le bonhomme sortit en criant qu’ils devaient dégager sinon il appellerait la police, mais quand il a vu la compagnie de plus près, il a chié dans son froc et a aussitôt ouvert la grille. II avait l’argent en poche et a payé illico! C’était comme au cinéma! Ce sont vraiment des types formidables, j’ai voulu les récompenser, mais ils n’ont rien voulu entendre, ils m’ont dit que c’était tout à fait normal d’aider un ami! Je ne les oublierai pas de sitôt!
   -Ah, bon! Tu es donc bien décidé à partir, sinon tu ne dirais pas ça...
  -Bien-sûr, demain, dès la première heure, j’irai acheter mon billet, ce serait génial si tu pouvais m’accompagner?
   -Je commence à midi, j’aurai le temps, d’accord! 
   Nous nous endormons enlacés. Je me réveille en sursaut, j’ai fait un mauvais rêve. Zer est encore plongé dans le sommeil, je l’observe pendant un long moment. Dans quelques heures il sera loin. Que je ne le reverrai plus, j’en suis convaincue. Je n’ai pas cru un seul instant à son histoire de vente de maison, et tout le reste, pourtant il était sincère sur le moment, il est toujours sincère puisqu’il croit à ses affabulations. 
   Zer se tire avec élégance, je ne sais pas dans quelle mesure tout cela a été prémédité, de toute façon peu importe, je lui en sais gré. Comme convenu, je le dépose à l’aéroport, je n’attends pas, je ne supporte pas les adieux. Sur le chemin du retour, j’éclate en sanglots, je ne sais pas au juste pourquoi je pleure, pour l’instant je me laisse aller, je suis une source, fontaine de larmes, c’est tout.