vendredi 14 décembre 2012

Cela devait arriver... (168)


  Cela devait arriver, mais que ça tombe justement le jour de mon anniversaire n’est pas un hasard! C’est une des réflexions qui traversent mon esprit pendant que je me ronge les ongles jusqu’au sang. Je pense à cette femme rencontrée l’autre jour à la terrasse qui me parlait de rebirthing, je n’avais jamais entendu parler de cette thérapie, ça doit être un peu ce que je vis en ce moment, respiration accélérée, angoisse. J’ai la tête qui tourne, quand fort heureusement, la bagnole s’arrête, le flic me fait descendre. Je tiens à peine sur mes quilles, tremble, je suis en sueur. L’air de la nuit me requinque un peu, mais aussitôt, je suis conduite dans un poste de police. On me pousse devant un guichet où un autre flic me demande nom et adresse, fait l’inventaire de mes objets personnels. Puis une femme, également en uniforme, m’enlève les menottes, me tend une couverture rêche et dit de la suivre. Dans le couloir, je vois un téléphone, demande aussitôt si je peux appeler un proche, elle me dit de faire vite, et à condition que ce soit un appel local. Je me jette sur l’appareil comme sur une bouée de sauvetage, j’appelle Norton:
   -Oui, c’est moi, où je suis? J'sais pas, sans doute à Santa Monica dans un bureau de police, on m’a arrêtée pendant que je filais chez toi, je ne peux rien te dire de plus, on me fait signe de couper. 
  Je n’entends pas les dernières paroles de Norton, la gardienne m’ayant carrément arrachée le cornet des mains. Je lui demande pourquoi elle a fait ça et me répond que je peux déjà m’estimer heureuse d’avoir pu téléphoner! Je ne comprends pas, je pensais que l’on avait au moins le droit d’avertir quelqu’un dans ces cas-là, je ne suis pas une criminelle à ce que je sache, lui dis-je, mais elle fait semblant de ne pas m’entendre et me pousse dans une cellule à barreaux au fond du couloir. Je reste assise sur le bout du lit, (la couverture et le matelas puent trop), ressassant les faits depuis mon départ de la maison à maintenant, me demandant quelle sera la suite. Je finis par me dire que je pourrais peut-être sortir dans la matinée, Norton ayant trouvé un peu de fric pour payer la caution, ça se fait ici, enfin, je n’en sais rien. Le jour se lève, le couloir s’anime, j’entends des voix, des pas. Une nouvelle gardienne vient me chercher, m’emmenant dans une arrière-cour où un fourgon m’attend. Je refuse de monter, je veux savoir ce que cela signifie. Un policier finit par me dire que l’on va me conduire vers un centre de regroupement pour illégaux et de là, me renvoyer vers mon pays d’origine!