mercredi 12 octobre 2011

Mon entente avec Michaël.. (134)

   Mon entente avec Michaël est cordiale quoi qu’il se montre parfois jaloux de mes conquêtes, pourtant, j’essaye d’être discrète bien que je n’aie pas de compte à lui rendre, mais je sens qu’il est amoureux. Il est du genre paresseux, espérant que je fasse le premier pas; le malheur, c’est que je n’en éprouve pas l’envie. Comme il a l’air de s’accommoder de cette situation, pour le moment, et d’apprécier malgré tout ma présence, je peux encore rester un temps chez lui, sachant que tôt ou tard, il me faudra bouger. Ce qui m’inquiète un peu, c’est de ne plus avoir de visa, j’en parle à Michaël qui me propose d’aller au Mexique, à Tijuana, là il suffit de sortir du territoire américain et d’y revenir pour obtenir un nouveau visa de trois mois, mais ce petit jeu ne peut se faire qu’une seule fois, après, il faut la carte de résident, le fameux Green card, et ça c’est une autre affaire. Un copain juriste de Michaël va m’aider à entreprendre les démarches nécessaires.
    Nous décidons de partir dès l’aube. Avec la vieille Karmann ghia de Michaël, iI faut compter environ trois heures de route pour arriver à la ville frontalière. Michaël me réveille à cinq heures du matin, il est très nerveux, et semble s’être levé du mauvais pied, mais très vite je comprends ce qui le met dans un tel état. En fait, il n’a pas dormi de la nuit, il a pris du speed et m’en propose:
  -Ce sont des Black beauties, ça donne un coup de fouet, moi j’en prends pour rester éveillé!
   -J’en veux bien une, tant qu’à faire, j’aime autant être dans le même état que toi, tu n’es pas à prendre avec des pincettes!
   -Qu’est-ce que tu entends par là? me dit-il  d’un ton furieux.
   -Je t’en prie, calme-toi, on ne va pas déjà se disputer!
   A mon tour, j’avale une pilule. Michaël est très tendu, il grince des dents, fixe la route les yeux écarquillés sans prononcer un mot. Dans quelle galère me suis-je encore fourrée! Je commence à ressentir l’effet du speed, plutôt euphorisant pour l’instant. Je regarde le paysage qui défile sans vraiment voir quoi que ce soit, je suis dans une bulle de béatitude. Après un mutisme total tout au long du voyage, Michaël m’annonce soudain d’une voix enrouée que nous arriverons bientôt au poste frontière de Tijuana.