vendredi 11 février 2011

Enfin, je m'explique.. (41)

   Enfin, je m’explique la présence de ces objets traînant dans les coins de la maison, tels des ostensoirs, encensoirs, sébiles et autres ciboires! J’avais interrogé Zer bon nombre de fois sur la provenance de ces antiquités sans jamais recevoir de réponse cohérente; Je me disais bien qu’ils n’avaient pas atterri là par la grâce du Saint-Esprit. Finalement, je ne faisais plus attention à ces choses venues d’un autre monde; d’ailleurs, régulièrement, certaines disparaissaient pour faire place à d’autres. Me revient en mémoire l’épisode des deux hommes venus récupérer les deux chaises qui trônaient dans la pièce voûtée, ces petits bijoux de style ottoman, marquetés de nacre et d’ivoire étaient d’après Zer un cadeau reçu lors d’un service rendu. En fait, les deux types prétendaient qu’un jour, Zerah leur avait proposé de les restaurer. Les ayant convaincu de son savoir faire, il emporta les chaises. Les deux compères n’avaient plus eu de nouvelles depuis des mois. Ils revinrent pour tirer les choses au clair, bien décidés de ne pas rentrer bredouille. Zer étant absent ce jour là, je fus en proie à un sérieux dilemme, mais finis par leur faire confiance, les autorisant à emmener les fameuses chaises, tout en sachant que les foudres allaient s’abattre sur moi!
  Ma décision eut en effet, une conséquence désastreuse. Dès son retour, Zer remarqua la disparition des chaises; il se lança alors dans un dénigrement total de ma personne: «J’ai à peine le dos tourné, que tu te comportes comme la dernière des idiotes, tu fais confiance à des types que tu n’as jamais vu. C’en est trop! Ta crédulité est maladive, je te l’ai déjà dit cent fois, c’est uniquement moi que tu dois croire. Je te laisse une dernière chance, la prochaine fois, je ne te pardonnerai pas!». Il claqua la porte et revint trois jours plus tard, comme si de rien n'était. On ne parla plus jamais des chaises.
  En ce qui concerne les vols de chantiers, j'étais parfois présente, mais ne me posais aucune question. Une fois de plus, Zer avait inventé une histoire invraisemblable; le gardien du chantier était un pote à lui, celui-ci avait soi-disant pour mission de revendre les matériaux en excédent. Tout ce passait la nuit, on marchait parfois longtemps puis nous ramenions toutes sortes de tuyaux sur nos épaules. J’aimais bien ces escapades nocturnes.