Conducteur infatigable, Zer aime rouler. Nous arrivons au-delà des Pyrénées le soir même. Laissant derrière nous de hautes falaises ocrées; à un croisement sur la nationale, j’aperçois une indication en direction d’un chemin poussiéreux. Je lis avec peine Hostal. Nous quittons la grande route. Des pelotes de paille emportées par le vent roulent en soubresauts au travers d’étendues arides. Une petite auberge blanche surgit au milieu de nulle part. A la porte, une vieille femme vêtue de noir écarte un rideau de perles multicolores, on lui fait comprendre que nous voulons manger et dormir. Aussitôt elle nous fait signe d’entrer et nous désigne une table couverte d’une toile cirée, la vieille retourne à ses fourneaux au fond de la pièce. Apparemment, nous sommes les seuls clients; l’endroit ne paye pas de mine, j’aime ce côté raboteux à l’image de la région. La femme nous apporte deux énormes bols remplis d’un brouet; c’est un ragoût aux pois chiche, poulet, et cochonnailles. Zer n’en mangera pas si il sait qu’il contient du porc, je me risque de ne rien dire. Nous mangeons avec beaucoup d'appétit, soudain Zer remarque une rondelle de chorizo, je crois qu’il est sur le point de découvrir le pot aux roses, et me demande:
-C’est quoi ça?
-C’est une spécialité du pays faite avec du boeuf et des piments. j’en ai mangé à Bruxelles, c’est bon! Toi aimeras, ça arrache!
-Ah, je ne te le fais pas dire, c’est presque aussi piquant qu’un plat yéménite!
Je pousse un long soupir de soulagement que je fais passer pour un bâillement de fatigue...
Après une nuit agitée dans un lit trop étroit, nous retrouvons la vieille qui nous sert un café au lait imbuvable accompagné de pain dur comme une semelle, mais tout cela n’entame pas notre bonne humeur; je me dis que le bonheur existe. Nous rejoignons la grande route, en direction du sud.
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