L’envie de peindre m’est revenue aujourd’hui. N’ayant pas le matériel nécessaire, je me remets au dessin. J’ai installé mon barda sur la grande table près de la fenêtre où je peux observer sans être vue. De temps en temps, je lève la tête; alentour rien ne bouge, tout est engourdi comme si la vallée avait subi un sort funeste jeté par un djinn malfaisant. Je suis tellement concentrée, que je n’ai pas vu le temps passer; déjà le soleil disparaît derrière les collines. Je me lève et m’étire devant la porte ouverte. Une légère brise s’est levée, rafraîchissant l’atmosphère. Soudain, j’entends un hennissement, un cavalier passe et me salue, il se dirige vers la maison, il descend de sa monture. L’homme est impressionnant, il porte une longue barbe noire taillée droit.
-Excuse-moi de te déranger, me dit-il, mais mon cheval a soif, aurais-tu de l’eau?
-Bien-sûr, je vais chercher une bassine, tu n’as qu’à plonger le seau dans la citerne.
-Merci! On se promène depuis longtemps, on vient de la vieille ville!
-Ca fait une fameuse trotte! Comment fais-tu pour éviter les grandes artères?
-J’ai mon itinéraire, qui, ma foi, n’est pas direct, mais tranquille et agréable.
-Alors là, tu m’épates, je serais bien curieuse de le connaître!
-Rien de plus simple, si tu veux, je t’emmène, mais d’abord, j’aimerais me reposer un peu, qu’en penses-tu?
-Oh oui! D’accord, en attendant, je te fais un café.
Tout à ma besogne, je l’observe du coin de l’oeil, il a l’air vachement sympa...
-Voilà le café. Entre parenthèse, moi c’est Eliette et toi?
-Entre parenthèse, c’est Chaï, dit-il en riant.
-Pourquoi ris-tu?
-Pour la parenthèse!
-Et ton cheval, il a un nom?
-Lui, c’est Guil, maintenant que les présentations sont faites, on peut se mettre en route? As-tu déjà monté?
-Oui, j’ai fait un an ou deux d’équitation, mais un jour j’ai dû monter à cru, je suis tombée et j’ai failli me casser une jambe, cela m’a découragé.
Nous cheminons par les méandres des collines en direction de la ville. Les bras autour de la taille de mon cavalier, je me sens bien. Au loin, j’aperçois déjà les remparts baignant dans les derniers rayons dorés du couchant.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire