Deux jours plus tard, Zer revient sans un mot d’explication; j’ai l’impression que l’on rejoue sans cesse la même scène. Je ne sais pas ce qu’il fait ni où il va quand il part sans rien dire. Je ne suis pas jalouse de nature. Parfois, Zer provoque sciemment ma jalousie, il a une façon de se comporter qui m’exclut totalement; il prend un plaisir pervers à ce jeu, il mesure ma résistance; après, si je n’ai pas fléchi, il est fier de moi et me récompense. Il parvient à me faire croire que je suis une petite fille capricieuse qui ne veut pas partager ses jouets. Ces derniers jours, Zer me fait peur, je décide d’aller dormir dans la maison de Tsipi, une connaissance qui habite le village; je lui avais fait quelques confidences sur ma relation avec Zer; avant de partir en voyage, elle m’a confié les clefs au cas où j’aurais envie d’être seule, et aussi pour nourrir le chat. Le soir venu, je pars sans rien dire à Zer. La maison est grande et remplie de sculptures qui pour la plupart sont d’un mari dont elle est séparée. Tsipi, la cinquantaine, est encore une belle femme, un peu dingue, elle parle sans arrêt, mais je l’aime bien.
Avant d’aller me coucher, je me fais couler un bain, quand soudain, une voiture s’arrête devant la maison. Au bruit du moteur, je devine que c’est Zer; Il n’a pas mis longtemps à me trouver. Il tambourine sur la porte que j’ai eu soin de fermer à double tour; il gueule que si je n’ouvre pas, il va la défoncer. Je lui crie de se calmer, de me donner cinq minutes pour enfiler un vêtement, que je suis à poil. Je me décide d’ouvrir, je ne voudrais pas qu’il fracasse la porte - il en est tout à fait capable. Zer est survolté, il éructe des discours que je connais par coeur. J’ai appris à ne plus réagir, à laisser passer la tempête. Je sais qu’après avoir déversé son trop-plein, il se calme. C’est à peu près ce qui se passe, sauf que cette fois, il s’empare des clefs et m’enferme. Il y a partout des grilles aux fenêtres, pas moyen de s’échapper, et, manque de bol, le téléphone est en panne, Tsipi m’avait demandé d’être là quand le technicien passerait. Je suis séquestrée...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire